Avec la Chine, la Russie est le pays qui héberge le plus de travailleurs nord-coréens, et, conformément aux sanctions adoptées à la fin 2017, Moscou s’est engagée à les renvoyer chez eux. Objectif : assécher l’une des sources de devises les plus importantes pour le régime de Pyongyang. Selon les États-Unis, ce sont plusieurs centaines de milliers de dollars qui affluent chaque année dans les caisses du régime nord-coréen, grâce à ces travailleurs employés principalement dans le domaine de la construction, dans le secteur minier, ou dans celui de l’exploitation forestière. D’après l’agence Reuters, la Russie qui hébergeait 30 000 de ces travailleurs en aurait expulsé un peu moins de 20 000 au cours de l’année 2018. Ceux qui n’ont pas encore été renvoyés chez eux devraient l’être d’ici à la fin de 2019… L’année dernière, les autorités de la région de Vladivostok, où sont employés la majorité de ces travailleurs nord-coréens, avaient pourtant plaidé pour une application partielle des sanctions, et demandé qu’un contingent de 10 000 ouvriers puisse rester en Russie.
« Travail forcé »
Impossible de savoir quel sera le sort des travailleurs nord-coréens refoulés chez eux… Mais leur situation en Russie avait suscité les protestations de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, au point que certaines d’entre elles avaient parlé de « travail forcé ». On se souvient notamment de la polémique qui avait entouré la construction du stade de football de Saint-Pétersbourg, en prévision de la Coupe du monde. Selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), les travailleurs nord-coréens en Russie sont obligés d’accepter des conditions de travail très dures, et sont en outre privés de leurs libertés d’expression, d’association et même de mouvement. Enfin, une partie importante de leur rémunération est au final « récupérée » par le régime de Pyongyang. C’est cette source de financement que Washington voulait tarir, pour sanctionner le programme nucléaire nord-coréen. Or, les États-Unis n’ont cessé d’accuser Moscou de traîner des pieds dans ce dossier. Si l’on en croit les chiffres rendus publics par Reuters, la Russie semble pourtant décidée à appliquer, dans ce domaine, les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité à la fin 2017.