Quelle alternative au cyanure dans les mines d'or ?

Le projet « Montagne d'or » en Guyane attend une décision de l'Etat français d'ici le milieu de l'année. Mais il pourrait ne jamais voir le jour si la proposition de loi d'un député de ce territoire français d'Outre-mer est adoptée à l'Assemblée nationale : interdire le cyanure dans les mines.

Faut-il interdire le cyanure dans les mines d'or ? Une soixantaine de députés français dont 19 élus d'Outre-mer ont demandé l'interdiction de son usage minier en France. En ligne de mire le projet Montagne d'or mais aussi celui plus avancé de Dieu Merci, tous deux situés en Guyane. Deux sites aurifères qui ont choisi la cyanuration, la méthode utilisée dans plus d'une mine d'or sur deux, des pays scandinaves à l'Afrique, parce qu'elle assure le meilleur rendement. On broie le minerai d'or en boues, elles sont mélangées dans des cuves avec du cyanure de sodium, qui précipite l'or ensuite absorbé sur du charbon actif, c'est la lixiviation, avant tamisage et raffinage du métal d'or brut, le doré.

Baia Mare

Mais ce cyanure rappelle de très mauvais souvenirs... La catastrophe de Baia Mare en Roumanie en janvier 2000. Près de 100 000 tonnes de résidus contenant 50 à 100 tonnes de cyanure s'étaient déversés dans les rivières puis dans le Danube et la mer Noire, tuant des tonnes de poissons et contaminant l'eau potable jusqu'en Hongrie. Depuis, la réglementation européenne s'est considérablement durcie : la cyanuration doit s'opérer en circuit fermé. La mine d'or doit aussi prévoir une phase de destruction du cyanure dans ses résidus, où le cyanure doit rester en dessous d'un seuil de 1 mg par litre.

Stade de la R&D

Pourtant les ingénieurs miniers se penchent sur d'autres techniques. Le Bureau français de recherches géologiques et minières (BRGM) énumère cinq procédés moins dangereux d'extraction de l'or. Mais ils sont quasiment tous au stade de la R&D. Seule la méthode au thiosulfate est industriellement mature, mais elle est complexe à mettre en oeuvre et d'un coût très supérieur à la cyanuration. Pour des gisements très particuliers, donc.

Météo extrême

Un autre rapport, celui de l'INERIS, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques préconise de prendre toutes les précautions pour conserver les résidus cyanurés mais aussi sulfurés, dans le contexte guyanais, où les événements météo sont souvent extrêmes, et où les ajouts alcalins pour les neutraliser ne seront pas toujours facilement disponibles.

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