L’information est à la Une de Fraternité Matin. « Gbagbo et Blé Goudé libérés sous condition », énonce le quotidien gouvernemental ivoirien. Lequel journal, en pages intérieures, se borne à publier « un communiqué de la cour » pénale internationale, avant un bref rappel de la procédure dénué de tout commentaire.
De son côté, L’Infodrome, qui est le site Internet des quotidiens indépendants ivoiriens L’Inter et Soir Info, souligne que Laurent Gbagbo « a passé sa première nuit hors des liens de la détention depuis 8 ans (…) Embarqués dans trois véhicules (…), ils ont quitté les locaux de la CPI sous les vivas de nombreux Ivoiriens et Africains qui ont effectué le déplacement à La Haye pour être témoin de leur libération. (…) Les deux ex-prévenus désormais auraient pris la direction d’un hôtel, où ils séjourneront, toujours sur le territoire des Pays-Bas, en attendant de trouver leur pays d’accueil ».
Crispation à Abidjan
En France, le seul quotidien national français à développer ce matin cette information, c’est, justement, le bien nommé Libération ! « Laurent Gbagbo libéré, ses partisans galvanisés », lance le journal. Car à Abidjan, « c’est bien une page d’histoire qui se tourne pour les militants du Front populaire ivoirien (FPI), qui sont toujours restés accrochés à l’espoir de la libération de leur leader, et restent convaincus qu’il est le vrai vainqueur de la présidentielle de 2010 », pointe ce quotidien. Soulignant donc que le parti de Laurent Gbagbo est « galvanisé par l’acquittement de son leader et le retour des exilés », Libé signale que le FPI compte « peser plus lourd sur l’échiquier politique. Son secrétaire général, Assoa Adou, fidèle parmi les fidèles de Laurent Gbagbo, en est persuadé : « Le FPI est la première force politique du pays », dit-il à Libération.
Justement, si dans l’immédiat, la libération de Laurent Gbagbo « suffit à galvaniser ses partisans », ce journal remarque aussi qu’elle conduit peut-être aussi à « crisper le pouvoir », Libé n’en voulant pour signe que le placement sous les verrous du député soroïste Alain Lobognon, « ancien ministre de Ouattara », condamné à un an de prison ferme « pour un simple tweet », relève ce quotidien.
Liberté sous conditions
Le site Internet du magazine Jeune Afrique apporte lui aussi quelques précisions sur cette audience historique hier à la CPI. Ce journal panafricain rappelle d’abord que cette liberté recouvrée pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé intervient pour eux « quinze jours après avoir été acquittés par la Cour pénale internationale, devant laquelle ils étaient inculpés de crimes contre l’humanité ».
Il note que « les juges de la chambre d’appel ont décidé que les deux hommes peuvent désormais sortir de la prison de Scheveningen, où l’ancien président ivoirien et son ex-ministre étaient détenus depuis respectivement sept et près de cinq ans », rappelle-t-il, avant de prédire que cette décision annoncée par le président de la Chambre d’appel de la CPI « va susciter l’émotion ».
Vous avez dit audience historique ? Justement. « Laurent Gbagbo a accueilli la décision en souriant, levant les mains au ciel et remerciant chaleureusement des avocats, maîtres Altit et Naouri », rapporte encore Jeune Afrique. Lequel journal souligne encore la présence parmi « les proches de Laurent Gbagbo présents aux Pays-Bas » hier, du docteur Issa Malick Coulibaly, qui fut directeur de la campagne électorale du candidat Gbagbo à l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, ou encore celle de son médecin personnel, le docteur Christophe Blé.
Et puis autre réaction publiée par le site Internet de cet hebdomadaire panafricain, celle de Guy Labertit, « ami de Laurent Gbagbo et ancien secrétaire national du Parti socialiste français », rappelle Jeune Afrique. « On se réjouit forcément de sa libération. Mais c’est une joie mitigée, car le droit n’a pas été dit. La libération sous conditions est un cadeau fait au bureau du Procureur. Je ne comprends pas qu’on puisse imposer des conditions à une libération, alors que la personne a été acquittée », regrette Guy Labertit sur le fil de Jeune Afrique.