Il n'y a pas d'embargo en tant que tel des Etats-Unis sur le pétrole vénézuélien mais c'est tout comme : les raffineurs des Etats-Unis sont désormais contraints de payer la facture sur un compte bloqué pour que l'argent ne parvienne pas à Petroleos de Venezuela, PDVSA, tant que Nicolas Maduro est au pouvoir. La compagnie vénézuélienne n'a donc plus intérêt à vendre son pétrole aux Etats-Unis. Or c'est un brut lourd qui est toujours nécessaire à l'industrie du raffinage aux Etats-Unis. Le pétrole de schiste est de plus en plus abondant du Dakota au Texas, mais c'est un pétrole léger.
Premier fournisseur des Etats-Unis
C'est pourquoi l'an dernier le Venezuela était toujours, malgré le déclin de sa production, le premier fournisseur des Etats-Unis (500 000 barils par jour), devant le Canada, le Mexique et l'Arabie saoudite. Et les Etats-Unis étaient toujours, devant la Chine et l'Inde (300 000 barils par jour chacune), le premier acheteur de brut lourd vénézuélien. Il faut dire que les terminaux vénézuéliens sont à quelques encablures des raffineries américaines du golfe du Mexique.
Alternative plus rare
L'offre de pétrole lourd va maintenant se réduire pour les Etats-Unis. Le pétrole lourd était déjà plus rare. Le Mexique a immobilisé une partie de ses oléoducs pour empêcher les vols de produits pétroliers. L'Arabie saoudite a diminué sa production dans le cadre de l'OPEP pour soutenir les cours, et elle va continuer de resserrer les vannes en février, aux dépens des Etats-Unis. Le Canada a réduit sa production très coûteuse des sables bitumineux et s'il la relançait, le transport du brut serait encore compliqué vers les Etats-Unis. Quant à l'Irak il n'est sans doute pas prêt à renoncer à ses parts de marché en Asie pour approvisionner son allié américain.
Huit dollars de plus
Tout cela va mener et mène déjà à des prix du brut lourd en forte hausse. Il est près de 8 dollars plus cher que le pétrole léger américain, un écart au plus haut depuis cinq ans.
Pour l'instant le cours mondial du pétrole, qui exprime avant tout le prix du pétrole léger, réagit moins fortement aux sanctions contre le Venezuela. Ce pétrole léger abonde. Mais les marchés commencent tout de même à s'inquiéter de voir la production du Venezuela s'effondrer, comme en Libye il y a quelques années.