Lutter contre les fausses rumeurs, l'objectif des médias

La vérification des faits, le « fact checking » en anglais, l'Agence France Presse (AFP) en a compris l'importance. Les médias traditionnels aussi se mettent de plus en plus à pousser sur les réseaux sociaux des contenus visant à lutter contre les fausses rumeurs.

C’est l’histoire d’une rumeur qui a fait florès sur Twitter le soir de l’attentat de Strasbourg, celle d’un tweet envoyé par la préfecture de police du Grand-Est et qui porte pour horaire 11h47. « Evénements en cours à Strasbourg, ne relayez pas de fausses rumeurs » dit ce message daté de la matinée de mardi alors que l’attentat terroriste a eu lieu ce même jour, peu avant 20 heures. La preuve, selon certains internautes, que ce message officiel montré sur BFM TV a été fabriqué avant, et donc que les autorités savaient qu’il y allait y avoir une attaque, et donc que l’attentat a été en quelque sorte fabriqué par le pouvoir pour venir à bout du mouvement des gilets jaunes. Au lieu d’ignorer ce type de corrélations sauvages de type paranoïdes, comme dit le sociologue Gérald Bronner, des médias prennent désormais la rumeur à la racine pour tenter de la neutraliser.

Et pas seulement AFP Factuel, Check News de Libération, les Décodeurs du Monde ou les Observateurs de France 24 : « Non la préfecture du Bas-Rhin n’a pas annoncé l’attentat à Strasbourg avant qu’il n’ait vraiment eu lieu », titre France Info. Pour la première fois, le site a poussé sur les réseaux sociaux un article déconstruisant la rumeur et expliquant que Twitter, par défaut, paramètre son fuseau horaire à l’heure de la côte ouest des Etats-Unis. D’où le décalage avec la France. BFM TV a aussi pris le temps de démentir un faux compte au graphisme grossièrement imité de son logo pour expliquer que non il n’avait pas annoncé 7 ou 8 morts samedi dernier, en marge des manifestations des gilets jaunes.

C’est vrai que la rumeur qui s’autoalimente est un peu le propre de la version 2.0 du mouvement. Des groupes Facebook de « gilets jaunes » se sont ainsi précipités pour dire que cet attentat tombait bien, et qu’il visait en réalité à « détourner l’attention des Français ». Des propos de café du commerce, après l’intox sur les migrations autour du pacte de Marrakech, mais qui prennent une visibilité démultipliée sur les réseaux et dont on peut se demander s’il faut leur faire grand cas. Faut-il s’abaisser à tordre le cou à la rumeur sachant que même démentie, il en restera toujours quelque chose, ou faut-il l’ignorer quitte à rester en dehors du flux de la conversation ? En tout cas, tout cela démontre une fois de plus l’importance d’une information fiable, validée. L’AFP, qui a passé un accord de fact checking avec Facebook, prévoit d’étendre prochainement son programme au Moyen-Orient, pour vérifier en langue arabe, les vraies ou les fausses rumeurs sur le réseau social.

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