Israël n’est pas un pays réputé pour ses truffes et sa production, pour l’instant, reste assez confidentielle. Ses marchés sont principalement alimentés par des chasseurs de truffe et leur récolte est assez faible. Mais depuis plus de vingt ans désormais, le pays caresse l’espoir de domestiquer la production de cette denrée rare et onéreuse.
Le premier projet a été lancé dans les années 90 dans le nord du pays. L’objectif des chercheurs une truffe noire d’hiver, dite du Périgord, et une truffe noire d’été, dite de Bourgogne. « En combinant les deux, vous pouvez avoir une période de production assez longue » explique le docteur Ofer Danai, de l’Institut Migal en charge de ces recherches. Ses travaux ont permis de lancer une phase test dans quelques exploitations agricoles : 25 hectares ont été plantés dans le Golan occupé, quelques autres aussi au pied de ce plateau. Mais « cela prend quelques années avant de voir les résultats, plus que pour les autres cultures » souligne Ofer Danai. Et pour l’heure, la production reste limitée : moins de 100 kilos par an.
Dans le sud, c’est une truffe du désert qui intéresse les chercheurs. Moins prisée, moins chère également : ses prix tournent en moyenne autour de 60 dollars le kilo, dix fois moins que pour les truffes européennes. Mais les progrès sont réels : l’équipe du professeur Yaron Sitrit est arrivée à cultiver la Terfezia boudieri qui, bien que différente des truffes de climats tempérés, semblait aussi compliquée à domestiquer.
Après six ans de recherches, les scientifiques ont réussi à mettre au point une technique permettant de produire 150 kilos de truffes par hectare. C’est plus qu’il n’en faut pour rendre sa culture économiquement viable. « Nous considérons qu’à partir d’une centaine de kilos par hectare, la culture de la truffe génère des profits » note Ofer Guy, chercheur au centre de recherche et de développement de Ramat Neguev.
Ces succès ont été récemment obtenus et pour l’instant, la culture de la truffe du désert n’a pas encore été lancée dans des fermes tests. Mais le potentiel est grand. Ce champignon au goût carné, « un goût de foie gras fumé » estime Ofer Guy, intéresse de nombreux agriculteurs du Neguev, une région désertique, car il n’exige qu’une petite consommation d’eau. Et le Neguev couvrant deux tiers du territoire israélien, scientifiques et autorités considèrent que le potentiel est grand.