A la Une: le prince à la merci du sultan

C'est l'affaire Jamal Khashoggi qui fait la Une de Libération ce mercredi. Le prince en question, c'est le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, le « sultan » c'est le président turc Recep Tayyip Erdogan. L'assassinat du journaliste et opposant saoudien dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul c'est « la bonne affaire d'Erdogan » pour Libé. « L'occasion était trop belle pour s'en priver » et ce sordide fait divers devenu affaire d'Etat « met le président turc en position de force face à Riyad ». Recep Tayyip Erdogan avait les projecteurs braqués sur lui hier alors qu'il avait promis « la vérité nue » sur l'affaire. Et il n'a pas mâché ses mots, avalisant le scénario de l’assassinat, un « meurtre sauvage » et surtout « planifié » assure le président turc. De quoi mettre à mal la ligne de défense du royaume saoudien qui parlait jusque-là de bagarre qui avait mal tourné. Le président turc en veut pour preuve rapporte Libé, la désactivation par les officiels saoudiens des caméras de surveillance du consulat avant l'arrivée du journaliste. Le Figaro se fait aussi l'écho d'une vidéo diffusée par CNN dans laquelle on voit un homme portant une fausse barbe, des lunettes et les vêtements de la victime sortir du consulat. « Un sosie encombrant » juge Le Figaro, d'autant qu'il portait les mêmes baskets blanche que l'un des tueurs présumés. Malgré cette déclaration « coup de poing », précise Le Figaro, Recep Tayyip Erdogan s'est bien gardé d'incriminer « nommément le pouvoir saoudien » Pour autant « Erdogan a le revolver braqué sur la tempe de MBS, écrit le journal, et il ne compte pas lever sa menace tant que son père, le roi Salman ne l'aura pas marginalisé ». On en est loin, le vieux roi n'ayant pas hésité samedi à nommer son fils à la tête d'une commission d'enquête sur les services de renseignements du Royaume...

Et cette affaire, la presse y revient longuement Nathanaël, embarrasse aussi les Occidentaux...

Oui, car de quelle faute accuse-t-on aujourd'hui « celui qui a décidé depuis son arrivée aux affaires d’écraser le Yémen sous les bombes, de kidnapper le premier ministre libanais, de vivre dans un luxe absolu et de décider de tout pour faire entrer son pays dans une modernité de façade ? », se demande La Charente Libre. Mohamed Ben Salman se pensait intouchable, « aurait-il eu tort de penser l'inverse » alors que Trump et tout le business d'Amérique se demande encore s'il faut « épargner ce vaillant prince qui tient tête à l'Iran et peut faire exploser du jour au lendemain le baril de pétrole... » Et les Américains ne semblent pas les seuls à se montrer embarrasser. Le Parisien Aujourd'hui en France note que dans cette affaire, « Paris fait profil bas ». Le journal pose ainsi l'équation cynique qui se pose aux diplomates français : « Comment dire son mécontentement tout en restant en bons termes ? Après tout, les clients ne sont-ils pas les rois, surtout quand ils vous achètent pour près de 5 milliards d'euros par an, hors armement ? » Le patron du quai d'Orsay, Jean-Yves Le Drian dont Le Parisien rappelle qu'en tant que ministre de la Défense de François Hollande il avait tissé des liens très étroits avec Riyad s'est borné à demander « une enquête exhaustive ». « Difficile de faire moins », conclut le journal.  

A la Une également, Bruxelles rejette fermement le projet de budget italien

Et c'est « la première fois de l'histoire que la Commission européenne demande à un Etat membre de revoir totalement sa copie », précisent Les Echos. Bruxelles tient dette à l'Italie, s'amuse en titre Libé. Car c'est bien de la dette italienne dont il s'agit: elle dépasse 130 % du PIB italien, soit « la dette la plus élevée de la zone euro après celle de la Grèce et l'une des plus élevée au monde », martèle la Commission. Pour Libé, « l'intransigeance du gouvernement italien » composé des populistes du Mouvement Cinq Etoiles et de la Ligue n'a pas laissé le choix aux instances de Bruxelles. Désormais Rome a trois semaines pour présenter un nouveau budget. Pour répondre par avance aux protestations des populistes italiens, la Commission a d'ailleurs pris soin d'avancer ses arguments, rapporte Libé : « non la dette n'est pas un point de détail, les intérêts payés chaque année représentent 65 milliards et demi d'euros », soit le budget consacré à l'enseignement.

Pour Sud-Ouest on assiste toutefois à « un bras de fer en mode mineur ». D'une part ce conflit n'est pas une surprise estime le journal, ensuite même si la menace qui pèse aujourd'hui sur la troisième économie européenne pourrait avoir des conséquences sur toute l'Union Européenne, si d'aventure elle se décidait à faire cavalier seul, ce n'est pas le scénario le plus probable. Pour Sud-Ouest, les dirigeants italiens veulent détendre l'élastique budgétaire européen mais eux-mêmes n'ont jamais envisagé « d'Italexit ». Et puis se rassure le journal, comme ces grandes banques américaines lors de la crise de 2008 : l'Italie est « too big to fail ». « Comme c'est le cas avec le Brexit, un accord interviendra tôt ou tard, tant les enjeux sont grands pour les deux parties ».

Enfin un dossier à lire dans la Croix consacré à la PMA

La Procréation Médicalement Assistée qui pourrait bientôt être ouverte à toutes les femmes, célibataires ou homosexuelles ce qui réveille les craintes d'une partie de la communauté catholique. Pour les rassurer ou en tout cas pour leur permettre de comprendre, le journal a donc donné la parole à des femmes ayant eu recours, hors de France aux techniques d'assistance médicale à la procréation. « Donner la parole n'est pas approuver, prévient le journal soucieux de préserver ses lecteurs, avant de poursuivre, mais il nous a paru important de faire entendre leur voix, y compris à celles et ceux qui désapprouvent une telle option ». En photo d'illustration, une maman agenouillée aide sa fille à fermer son blouson dans un parc. Une scène banale sauf qu’Isabelle Laurens a eu un bébé toute seule, via une PMA en Belgique. Elle raconte la séparation avec son compagnon et à 38 ans le désir d'enfant toujours présent. « Mon désir de maternité était très fort, je me suis dit que je risquais de passer à côté si j'attendais de rencontrer quelqu'un ». Delphine elle était en couple mais avec une autre femme Emilie. Toutes les deux voulaient « constituer une lignée », transmettre leurs cultures bretonnes et italiennes. Elle détaille le parcours du combattant, les allers-retours en Belgique, la difficulté pour trouver un gynécologue qui veuille bien les suivre en France. « Être enceinte dans ces conditions, psychologiquement et physiquement c'est difficile, raconte-t-elle. J'avais l'impression d'être une délinquante, de devoir me cacher. Alors que je voulais juste avoir un enfant ».

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