Ethiopie-Erythrée : renaissance du commerce transfrontalier

La paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée offre aux deux pays de la Corne de l’Afrique des perspectives commerciales. L’accord de paix signé en juillet dans la capitale érythréenne devrait se concrétiser par des projets de coopération. Pour le moment, ce sont surtout les populations et les petits commerçants qui profitent de l’ouverture de la frontière terrestre, le 11 septembre dernier.

C'est un ballet incessant. Des camions rouges éthiopiens franchissent le muret de pierres, qui servait il y a peu d'abri aux militaires. Direction l’Érythrée, à deux cents mètres. Les marchandises affluent donc depuis un mois. Le ciment, la céréale « Teff », l'essence, le métal, la bière vont vers Asmara, où tout ou presque est rationné. Dans le sens inverse, de l'électronique, moins cher en Érythrée, et des vêtements.

Dans ce bar de Zala Anbesa, dernière ville éthiopienne avant la frontière, des Érythréens échangent des birrs éthiopiens contre des nakfa érythréens ou des dollars. L'endroit est rempli, ce qui n'était pas le cas il y a encore quelques semaines, sourit le patron, Ta'ame Lemlem.

« Aujourd'hui, en une semaine, je fais entre 10 000 et 15 000 birrs, entre 300 et 450 euros, de chiffre d'affaires. Mais avant on gagnait juste de quoi payer les taxes et élever les enfants, il n'y avait vraiment personne dans mon bar ! »

Il souhaite désormais qu'il y ait des douanes et des règles commerciales. Car pour le moment tout est libre. Et cela a une influence sur les prix. Yohannes Shifare est le communicant du district local.

« Les produits de première nécessité, c'est plutôt à l'équilibre. Mais les maisons, les terres, leur prix a augmenté, car avant il n'y avait pas de mouvement, d'activité mais désormais, si. Autre chose, les prix du ciment et de la céréale teff ont augmenté au début, mais maintenant c'est revenu à la normale. »

Cette commerçante rend la monnaie à une consœur érythréenne. Il y a encore quelque temps, elle ne faisait rien. Aujourd'hui, elle gagne de l'argent en revendant des fruits et légumes.

« Maintenant, quelle que soit la somme que je gagne, ce n'est pas le plus important, c'est dans la tête que je vais mieux. Je peux nourrir mes enfants. J'arrive à vendre pour 10 à 15 euros et mon bénéfice tourne autour de 6-9 euros, ça dépend des jours. »

Tout ce commerce transfrontalier de petite ou moyenne échelle rappelle aux habitants la période qui a suivi l'indépendance érythréenne en 1993. Mais de nombreuses questions pratiques doivent encore être réglées. La monnaie avait été l'un des facteurs déclencheurs du conflit meurtrier en 1998.

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