De notre correspondant dans le Caucase du Sud,
De fabriquer des armes biologiques, qui pourraient tuer des millions de Russes. Plus précisément, Igor Giorgadzé, un ancien responsable de la sécurité en Géorgie qui a organisé en 1995 un attentat contre Edouard Chevardnadzé, le président géorgien d’alors, réfugié depuis à Moscou, dit que 73 Géorgiens sont décédés après des tests du Centre de recherche pour la santé publique Richard Lugar, du nom d’un ancien sénateur américain. Un laboratoire, situé près de Tbilissi, la capitale, qui selon les autorités géorgiennes a pour but d’identifier l’apparition de pathogènes, animaux ou humains.
Qu’est-ce qui permet de dire que ce sont là des accusations fantaisistes ?
Plusieurs choses. Si vraiment 73 personnes -notez le chiffre précis donné par l’ancien espion- étaient décédées en 2015-2016, cela se serait su dans un aussi petit pays que la Géorgie, avec ses 3 millions 7 habitants. Et M. Giorgadzé, agent notoire des services russes, dit lui-même d’ailleurs avoir reçu des documents qui aurait été remis à des amis, sans qu’il sache qui exactement les leur a transmis. Et puis par ailleurs, il y a le « timing », le moment où ces accusations très utiles pour Moscou sont émises… comme toujours, parce que ce n’est pas la première fois. En l’occurrence, cela arrive précisément au moment où l’image de la Russie est sérieusement mise à mal par les preuves très convaincantes produites par les Anglais au sujet de l’implication des services de renseignement russes dans la tentative de meurtre de Sergueï Skripal et de sa fille.
Inquiétude en Géorgie
La Géorgie s'inquiète d'autant que, cette fois, c’est quand même le ministère de la Défense russe qui formule les accusations. Signe s’il en est que les preuves émanant de Londres sont gênantes… Mais comme le disait à RFI un haut responsable géorgien, toute la politique du gouvernement actuel, sous la houlette de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, qui a fait fortune en Russie, est justement de restaurer la confiance entre Tbilissi et Moscou… L’enjeu n’étant rien moins que la paix et la sécurité de la Géorgie.