A la Une: un remaniement qui se fait attendre

« Des ministres qui se font un sang d’encre, une majorité en plein doute, une opposition requinquée… et pendant ce temps-là, pointe Libération, hier mardi, un président comme un poisson dans l’eau devant des centaines d’entrepreneurs de la French Tech réunis à la Station F, le plus grand incubateur de start-up de la capitale. Prenant ostensiblement son temps, poursuit Libération, Emmanuel Macron a longuement échangé sur la promotion d’un écosystème favorable à l’intelligence artificielle. Affiché un sourire amusé quand une jeune femme lui a présenté sa société, spécialisée dans la "colocation idéale". Peut-être utile pour remanier une équipe ministérielle ? »

« Dans la soirée, complète Le Figaro, l’Élysée indiquait qu’Édouard Philippe et son gouvernement ne démissionneraient pas dans le cadre du remaniement à venir. Comme si l’exécutif souhaitait éviter de trop dramatiser le changement d’équipe. Quant au casting, il s’est révélé complexe. »

Et comment, s’exclame Le Parisien. En fait, c’est « "le grand flou. Emmanuel Macron et Édouard Philippe n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le casting", confie un ministre. Quand certains auraient carrément refusé de répondre favorablement aux sirènes du pouvoir. C’est notamment le cas de Mathieu Klein, ancien porte-parole de Manuel Valls à la primaire de 2017, qui a fait savoir sur Twitter qu’il déclinait la proposition (pour quel poste ? on ne sait pas). »

Bref, « des ministres qui démissionnent, des personnalités qui refusent d’entrer au gouvernement… c’est le monde à l’envers !, s’exclame encore Le Parisien. Voilà qui en dit long, en tout cas, sur les difficultés à recruter de cette majorité très - trop ? - éclectique, et dépourvue d’un vivier dans lequel puiser. »

En effet, soupire La Charente Libre, « la fumée blanche n’est pas sortie de l’Élysée. Seule la valse des intentions successives et contrariées du duo Macron - Philippe s’est exprimée avec fracas dans ce silence forcé. Au-delà des noms de nouveaux venus qui ne sont pas arrivés, cet accouchement dans la lenteur de l’an II du quinquennat d’un homme pressé montre surtout la faiblesse déjà connue de l’assise politique de la Macronie et son défaut d’attractivité bien plus récent. »

Le retour du clivage droite-gauche

En fait, croient savoir Les Echos, « dans les coulisses du remaniement se mène une guerre gauche-droite » qu’on croyait oubliée. « Gérald Darmanin, Frédéric Péchenard, Jean Castex… Dès qu’un nom est mis sur la place publique pour le ministère de l’Intérieur, il est aussitôt fusillé en coulisses par des macronistes, pointe le quotidien économique. "La main de Philippe", "l’influence de Sarkozy", en tout cas, trop "de droite". Dans le climat de tension créé par le remaniement, les inhibitions tombent, les clivages réapparaissent. On assiste depuis quelques jours à une offensive en règle d’une partie des marcheurs contre la dérive jugée droitière du quinquennat. […] L’exécutif ne parle que "compétences" ? Qu’importe, soulignent encore Les Echos, on décortique les pedigrees, on soupèse les étiquettes, l’ancienne lecture a la vie dure. Elle complique en tout cas l’équation gouvernementale à l’heure du remaniement ministériel. »

Attention prévient enfin La Nouvelle République du Centre-Ouest, « à trop faire traîner l’annonce, le chef de l’État prend le risque de donner le sentiment qu’une période de flottement s’est installée au sommet de l’État, qu’il y a un déficit de séduction, une majorité en panne de casting… pire, que le départ de Gérard Collomb n’était pas une simple péripétie. Pour faire croire à la maîtrise de l’agenda et des horloges, il faut donc que l’attente se termine. S’envolant ce mercredi pour l’Arménie et le sommet de la francophonie, on ne peut imaginer Emmanuel Macron quitter la France en faisant perdurer l’intérim à l’Intérieur. »

Accalmie en Syrie

A la Une également, un calme précaire en Syrie…

«Les cris d’alarme poussés il y a un mois n’ont pas été vains, se félicite La Croix. La perspective d’un massacre dans la province d’Idlib, dans le nord de la Syrie, s’éloigne. Une zone tampon séparant rebelles et forces du régime se met en place. Des groupes insurgés viennent d’en retirer leurs armes lourdes. Cette accalmie, précise le quotidien catholique, découle de l’accord signé le 17 septembre par Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan. Les présidents russe et turc s’étaient entendus in extremis pour éviter un embrasement de ce bastion de rebelles islamistes et djihadistes, le dernier à résister au régime de Bachar Al Assad. »

Alors, poursuit La Croix, « pour étayer ce calme précaire et écarter durablement tout risque de confrontation, la Russie et la Turquie doivent continuer à contraindre leurs protégés et élargir le cercle des pourparlers politiques à des pays absents militairement du terrain. Il est en effet urgent, conclut le journal, de présenter des perspectives de transition et de reconstruction. […] Les spectres de Daech et d’Al-Qaida ne s’effaceront que si la paix s’installe en Syrie, mais aussi en Irak, au Yémen ou en Afghanistan. »

On manque de médecins en France, même aux portes de Paris !

Enfin, retour en France, avec cette carte des déserts médicaux, publiée ce matin par Le Figaro.

« La France est truffée de déserts médicaux, constate Le Figaro. Pas moins de 11.329 communes (environ une commune sur trois) sont concernées. […] Le seuil en dessous duquel on considère qu’une commune est un désert médical est évalué par le ministère des Solidarités et de la Santé à 2,5 consultations disponibles par an et par habitant. Plus de 11.000 villes, donc, soit 8,1 millions de personnes, sont ainsi concernées. Parmi elles, des villes aux portes de Paris, comme Argenteuil, Versailles, Villejuif, ou encore Clamart… »

Le Figaro qui prend justement l’exemple de Clamart : « difficile de croire que, dans cette ville située à quelques kilomètres de la capitale, comptant un centre de santé municipal, une maison médicale, une trentaine de généralistes et deux hôpitaux, on assiste à une désertification médicale. C’est pourtant le cas, pointe le journal : depuis mars dernier, Clamart est classée en "zone prioritaire" par l’Agence régionale de santé. "Nous manquons de médecins généralistes", indique le docteur Jean-Paul Hamon, l’un des cinq généralistes du groupe médical, qui y travaille depuis 1973. "En deux ans, nous avons perdu six médecins libéraux sur la trentaine qui exercent en ville, la plupart du temps seuls. Or, les jeunes médecins n’aiment pas travailler de façon isolée. Mais, poursuit le médecin, si on exerce dans de bonnes conditions à plusieurs et dans des locaux corrects, la désertification n'est pas une fatalité". »

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