Le prix Nobel de la paix va à deux « héros » de la « lutte contre les violences sexuelles », la militante irakienne Nadia Murad et le gynécologue congolais Denis Mukwege, pointe « en Une » Le Figaro.
Au sujet de Denis Mukwege, ce quotidien rappelle qu’après ses études de médecine effectuées en partie en France, le célèbre médecin congolais lauréat du Nobel 2018 de la paix a soigné « quelques 50 000 victimes » de ces violences sexuelles. 50 000, 40 000 ? De son côté, Libération corrige. Certes, estime ce journal, « son combat courageux méritait la consécration suprême. Mais derrière l’émotion légitime que ce géant chaleureux suscite, il y a aussi des approximations : comme l’avait révélé une excellente enquête de la revue XXI en 2015, il n’y a jamais eu « 40 000 femmes violées » en dix ans dans cette région, selon le chiffre repris à nouveau ( hier ) dans tous les communiqués et que le docteur n’a jamais corrigé (…) Le drame est réel, mais pourquoi faut-il avancer des chiffres monstrueux pour susciter l’intérêt des Occidentaux ? », interroge Libération.
La presse est unanime
Mais au-delà de cette question, l’hommage de la presse française est unanime. Du nord au sud, de l’est à l’ouest, les confrères de la presse écrite saluent nos deux héros. Pour un journal du midi de la France tel que La République des Pyrénées par exemple, ces deux nominations ont l'avantage de diriger les projecteurs vers des situations « qui le méritent vraiment ». A l’est, c’est tout comme. « Un an tout juste après l'affaire Weinstein, alors que le mouvement #MeToo poursuit son avancée, ce choix de l'intime, souligne L'Est Républicain, même si les sévices dénoncés ici sont ceux qui sont utilisés comme armes de guerre, s'inscrit complètement dans l'actualité. Il récompense deux acteurs forts (…) Une femme et un homme donc. Ce qui est aussi une façon de rappeler que ce combat est celui de tous ».
Loin de l’est de la France, cette thématique est néanmoins reprise à son compte par le journal La Montagne, diffusé dans le centre de la France. « #MeToo n'est pas un mouvement des femmes contre les hommes. Encore moins un phénomène de mode. En parfait écho à cette lutte contre les violences faites aux femmes, le prix Nobel de la paix, souvent critiqué, a visé juste cette fois », apprécie La Montagne. « En récompensant conjointement le gynécologue congolais Denis Mukwege et la jeune yazidie Nadia Murad, le comité Nobel pose sur le monde un regard qui fait le tour de la douleur humaine », se félicite le journal Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Ce Nobel, c’est une « goutte d'eau rafraîchissante dans un désert d'humanité aride !, enchérit L'Alsace, (…) les membres du comité suédois ne pouvaient envoyer plus fort message universel »
Pour Le Républicain Lorrain, le Congolais Denis Mukwege et la Yézidie Nadia Murad font « plus que décrocher le Nobel de la paix. Ils sont l'honneur d'une humanité qui, pour se reconstruire, doit savoir compter sur de telles vigies. Une humanité abandonnée et livrée en pâture au cortège des fanatismes (…) En extirpant le mal à la racine, Mukwege et Murad ont fait le pari de la vie... au risque de la leur ». Chapeau, donc
Biya, le mandat de trop ?
C’est demain au Cameroun que se tiendra l’élection présidentielle, vraie chronique d’une victoire annoncée pour Paul Biya. « Sauf surprise », pour Libération, c’est un septième mandat consécutif qui s’annonce en effet pour le « potentat ». Le président sortant « ne laisse aucun espace à ses concurrents », qui ne sont plus qu’au nombre de sept et dont les meetings, pourtant, « attirent des foules immenses ». Selon Libé, « désormais, rien ne va plus au Cameroun (…) Pour la première fois, une élection se déroule alors que l’armée est déployée dans trois régions du pays », l’Extrême-Nord et les deux provinces anglophones. Ce quotidien aborde aussi un sujet « tabou » au Cameroun, celui de « l’âge du capitaine. Au Cameroun, tout le monde sait, ou du moins est persuadé, que Biya est très malade. Même au sein du pouvoir, certains ont suggéré - à demi-mot - qu’il ne terminera pas ce nouveau mandat », énonce encore Libé.
Ceci explique-t-il cela ? En tout cas, « depuis le début de la campagne, le président s'est juste fendu d'un tweet, le 13 juillet, pour annoncer sa candidature, remarque Le Figaro. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le parti au pouvoir, a entériné cette nomination sans même se réunir. Il n'y aura eu ni discours télévisé, ni interview, encore moins de débat, exercice honni par Paul Biya ». Présence fugace du président camerounais ? C’est « ce règne étrange que les Camerounais ont fini par appeler « la gouvernance par l'absence » », énonce encore Le Figaro.
Les forçats d’Amazon
Cette enquête enfin sur les conditions de travail chez Amazon. C’est le quotidien Libération qui s’intéresse ce matin au géant américain Amazon et plus particulièrement aux livreurs qui distribuent ses produits aux clients, à tous ceux, des hommes pour l’essentiel, que ce journal appelle les soutiers du « dernier kilomètre ». « Pression au rendement, précarité de l’emploi, horaires impossibles »… Le journaliste de Libé s’est fait embaucher incognito par un transporteur sous-traitant les livraisons du géant américain. Et son enquête relève la cascade de sous-traitants qui opèrent pour le compte de la multinationale, décrivant un univers où le travail déshumanise l’homme. « Cynisme ultime d’un système prospérant sur la satisfaction du désir des clients que nous sommes tous, l’entreprise délègue la lourde gestion matérielle de la livraison et s’exonère de toute pression sociale, dénonce Libération. Hermès était le dieu des commerçants… et des voleurs ». Les temps modernes de Chaplin en quelque sorte, sauf que là, ça n’est pas du cinéma.