de notre correspondant à Skopje,
James Mattis, le ministre américain de la Défense a dénoncé une supposée campagne de communication de la Russie et notamment « une activité numérique malveillante », afin d'éloigner les électeurs des urnes. Les citoyens macédoniens vont le 30 septembre prochain s'exprimer lors d'un référendum qui doit valider un accord conclu en juin dernier entre Zoran Zaev, le Premier ministre macédonien et son homologue grec Aléxis Tsípras.
Ce compromis prévoit une levée du veto grec qui bloque la Macédoine aux portes de l'Union européenne et de l'Otan, en échange d'un changement de nom du pays, qui deviendrait la « Macédoine du Nord », ce qui le différencierait ainsi de la région grecque éponyme. Le 11 juillet dernier, l'Alliance atlantique a invité la Macédoine à entamer des négociations d'adhésion et celle-ci pourrait être effective dans le courant de l'année prochaine, ce qui est bien sûr loin de réjouir la Russie. Moscou a déjà souligné que l'intégration de la Macédoine à l'Otan était une « erreur » et que « les erreurs ont des conséquences ».
Mobiliser les citoyens
Le référendum n'a qu'une valeur consultative, mais le gouvernement macédonien a besoin du soutien de la population pour arriver au Parlement en position de force. Une majorité des deux tiers des députés est en effet nécessaire pour une modification de la Constitution du pays, elle-même nécessaire à tout changement de nom du pays. La coalition menée par les sociaux-démocrates ne possède pas une telle majorité, elle aura donc besoin du soutien d'une partie des députés de l'opposition nationaliste du VMRO-DPMNE, opposée à tout compromis avec la Grèce, ainsi que celui de la minorité albanaise.
Le Premier ministre Zoran Zaev marche donc sur un fil d'autant qu'une participation de 50% des inscrits est nécessaire pour la validation du scrutin et que les listes électorales n'ont pas été mises à jour depuis des années. 1,8 millions d'électeurs sont enregistrés, pour une population officiellement estimée à deux millions de personnes et alors que des dizaines de milliers de Macédoniens ont émigré à l'étranger ces dernières années.
La Macédoine au centre du jeu diplomatique dans les Balkans
En effet, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, la chancelière allemande, Angela Merkel ou encore Johannes Hahn, le commissaire à l'élargissement de l'Union européenne sont venus ces dernières semaines vanter les bénéfices d'une entrée dans l'UE, afin d'inciter les électeurs macédoniens à se rendre aux urnes. Dans les rues de Skopje, de grands panneaux rappellent que la place du pays est dans la famille européenne, même si une éventuelle intégration à l'Union européenne a peu de chance de devenir une réalité avant au moins une décennie.