L'Inde premier producteur de sucre, un fardeau plus qu'un exploit

L'Inde commence à récolter la canne à sucre et cette saison, elle devrait doubler le Brésil, jusqu'à présent premier producteur mondial de sucre ! Le géant sud-asiatique est pourtant loin de se réjouir : les autorités de New Delhi se demandent comment elles vont écouler ces excédents de sucre, alors que les prix mondiaux sont au plus bas.

 

La récolte la plus rentable…

Par peur de manquer - elle est le premier consommateur au monde de sucre, l’Inde a mis en place un prix minimum élevé pour les cultivateurs de canne à sucre. C'est la récolte la plus rentable pour les paysans. Alors la production de sucre explose.

Depuis deux ans elle dépasse largement les 25 millions de tonnes consommés chaque année : 32 millions de tonnes pour la campagne qui s'achève, 35 millions et demi de tonnes attendues pour la prochaine récolte, soit 5 millions de tonnes de plus qu'au Brésil, le champion incontesté du sucre depuis vingt ans. En fin d'année prochaine, l'excédent indien pourrait atteindre 20 millions de tonnes.

… mais une industrie sucrière au bord de la faillite

Pendant ce temps l'industrie sucrière indienne est au bord de la faillite. Le prix réglementé du sucre en Inde est pourtant en ce moment 30% plus élevé que le prix mondial, mais il ne parvient plus à compenser les coûts de production des usines.

Elles n'ont pas non plus la possibilité comme au Brésil d'écouler une partie de la canne en fabriquant de l'éthanol : il n'y a toujours pas de mandat d'incorporation de 5% dans l'essence en Inde, et l'éthanol est taxé quand il voyage d'un Etat à l'autre... Pas rentable, donc.

Pas de marché pour l’éthanol en Inde

La seule solution, c'est d'exporter. Mais les usines indiennes font plutôt du sucre blanc de qualité moyenne, alors que c'est le sucre roux qui s'exporte le plus sur le marché mondial. Le sucre indien n'est pas non plus compétitif, à l'heure où le prix mondial peine à revenir à plus de 230 dollars la tonne à New York, son plus bas niveau depuis plus de dix ans. Il faudra donc que New Delhi subventionne les exports.

 

Les montagnes de sucre pourraient ainsi coûter très cher aux autorités indiennes, financièrement et politiquement l’an prochain. Les cultivateurs de canne manifestent de plus en plus souvent parce que les usines ne peuvent plus les payer. Les arriérés se monteraient à 200 milliards de roupies, l'équivalent de 2 milliards d'euros.

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