Les prix du pétrole tiraillés entre l'Iran et les taxes américaines

Plus de 78 dollars le baril lundi : les prix du pétrole sont dopés en ce début de semaine par la diminution, déjà, des exportations iraniennes de brut. Cette hausse des cours est cependant limitée par la guerre commerciale menée par les Etats-Unis.

Deux forces opposées tirent les prix du pétrole. Vers le haut, le retour imminent de l'embargo pétrolier contre l'Iran. Les nouvelles sanctions américaines doivent entrer en vigueur le 5 novembre prochain. Mais déjà les exportations iraniennes s'amenuisent, à un rythme plus rapide que prévu, devant la frilosité des acheteurs, ils craignent de subir les foudres de Washington.

Exportations iraniennes au plus bas depuis 16 mois

Même le Japon chercherait selon la presse nippone à s'affranchir du pétrole iranien, parce que Tokyo n'a pas obtenu d'exemption de la part de l'administration américaine. Selon Bloomberg, les expéditions de brut iranien auraient à peine dépassé les 2 millions de barils par jour le mois dernier, contre 2,7 millions il y a quelques mois. OilPrice.com craint qu'elles plongent sous le million de barils d'ici novembre, soit moins de 20 % de la production iranienne.

Quelle compensation de l’OPEP ?

Le reste de l'OPEP a certes déjà pris le relais. L'Arabie saoudite bien sûr, mais surtout l'Irak, il expédie des champs pétroliers du sud 7 % de pétrole supplémentaire depuis janvier ( 3,6 millions de barils par jour en août ). Hors de l'OPEP, la Russie est proche de son record d'exportation depuis la fin de l'ère soviétique ( 11,21 millions de barils par jour ). Mais que la production libyenne rechute, le remplacement des barils iraniens pourrait être plus difficile, estime un analyste de BNP Paribas.

Le ralentissement du commerce et des émergents freine les cours

Ce qui empêche les cours du pétrole de vraiment flamber, c'est la peur d'un ralentissement de l'économie mondiale liée à la guerre commerciale de Donald Trump... Les discussions sont dans une impasse avec le Canada, avec l'Union européenne, et le président américain menace d'imposer 200 milliards de dollars de taxes supplémentaires aux produits chinois. L'impact commence à se faire sentir sur l'économie du géant asiatique, qui a connu la plus faible augmentation de son activité manufacturière depuis un an, et dont les commandes à l'export chutent depuis cinq mois consécutifs. La demande chinoise de pétrole pourrait s'en ressentir, alors que déjà nombre de pays émergents comme la Turquie, l'Inde ou l'Afrique du Sud sont en proie à une crise monétaire et se demandent comment ils vont payer leur facture pétrolière. Cette tendance au rétrécissement de la demande vient contrarier l'augmentation des cours causée par la diminution de l'offre iranienne. Ce qui maintient pour l'instant les prix du brut à un niveau raisonnable.

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