A la Une: faut-il vraiment remplacer Nicolas Hulot ?

La question peut sembler incongrue : un ministre qui démissionne, ça se remplace… Et pourtant, certains journaux s’interrogent ce matin. En effet, pointe Le Républicain Lorrain, « c’est à se demander si ce ministère a encore une raison d’être, sauf à prolonger une hypocrisie flagrante. Car si la politique a besoin de s’afficher avec l’écologie, l’inverse est-il vrai ? Pas sûr, répond le journal. Il existe tant de causes qui progressent efficacement malgré (ou grâce à...) leur absence dans une équipe gouvernementale. À la manière des lobbyistes qu’elle affronte sur moult terrains, l’écologie doit peut-être réapprendre à se passer de la lumière de la politique politicienne pour gagner en punch et en efficacité, affirme encore Le Républicain Lorrain. Sur le réchauffement climatique, la santé alimentaire ou la transition énergétique, par exemple, la société civile semble en effet bien plus mature, motivée et concernée que ses propres élus… »

Le Journal de la Haute Marne renchérit : « la vraie écologie, finalement, est sans doute plus dans nos petits gestes quotidiens que dans ces politiques qu’on n’arrive pas à mettre en place. Bien peu de chose pourtant - même si c’est déjà beaucoup - au regard du bouleversement sociétal qui serait nécessaire pour sauver notre environnement. »

« Quelle crise politique ? »

Et pendant ce temps, « comme si de rien n’était… », s’exclame Le Parisien : Emmanuel Macron était hier mercredi en visite au Danemark.

« Une crise politique ? Quelle crise politique ? Emmanuel Macron s’est employé hier à ne pas laisser paraître le moindre signe de fébrilité après la démission fracassante de Nicolas Hulot. En déplacement au Danemark, le chef de l’Etat s’est même offert le luxe d’une petite phrase qui fait son effet en France : (parlant des Danois) "Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n’est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement !" Une sortie cash, commente Le Parisien, quitte à provoquer, ce dont il ne se prive jamais, comme lorsqu’il avait parlé des Français qui "détestent les réformes". "Le président est habitué au parler-vrai et ce sont des choses qu’il a déjà dites", minimise le palais à propos de cette sortie qui a très vite donné du grain à moudre à l’opposition. De LR au PS, en passant par LFI et le RN (ex-FN), elle s’est empressée de dénoncer "un mépris", "une insulte", "une sottise". La polémique a au moins l’avantage, conclut Le Parisien, de faire un peu moins parler du départ de Hulot, des lobbies et du bilan du gouvernement en matière d’écologie… »

Le poids des lobbies

Justement, Libération revient ce matin sur ces fameux lobbyistes, apparemment très influents sur l’exécutif. « Macron aux mains des lobbies ? », s’interroge Libération en première page. « Au moment d’annoncer sa démission avant-hier mardi, Nicolas Hulot a regretté la présence de représentants d’intérêts privés auprès de l’exécutif, renforçant les critiques faites à Emmanuel Macron, qui a introduit un nombre important de personnalités issues de la société civile. […] Pour l’ancien numéro 3 du gouvernement, il était temps de "poser sur la table" ce sujet qui constitue, selon lui, "un problème de démocratie". Nicolas Hulot n’est pas le premier à pointer les adversaires occultes qui auraient entravé son action, et précipité son départ, relève Libération. Après son éviction du ministère de l’Ecologie - déjà - en juillet 2013, la socialiste Delphine Batho avait elle aussi dénoncé ces "forces" qui "ne se sont pas cachées de vouloir [sa] tête", n’acceptant pas "le niveau d’ambition qu’[elle fixait] pour la transition énergétique". Référence à un lobby énergétique particulièrement actif contre la perspective d’une sortie du nucléaire, et pour l’exploitation du gaz de schiste. »

Alors attention, lance Libération dans son éditorial : « dans la compétition des influences, les lobbies économiques, en comparaison des syndicats ou des ONG, disposent de moyens très supérieurs à ceux de leurs concurrents. Professionnels chevronnés, communicants dédiés, stratégies subreptices, osmose avec le petit monde des ministères, experts juridiques capables de rédiger eux-mêmes les projets de loi, cabinets d’avocats agressifs et surpayés : l’arsenal et les sommes déployées par certains groupes pour orienter l’action publique font froid dans le dos. »

Trop de demandes d’asile en France ?

Le Figaro, lui, s’inquiète de la hausse des demandes d’asiles… « La France débordée par les demandes d’asile », titre Le Figaro en première page. « Le nombre de dossiers présentés a augmenté de plus de 17 % depuis janvier. L’opposition dénonce le dévoiement d’un système initialement destiné à accueillir les personnes persécutées dans leur pays. »

En effet, précise le quotidien de droite, « depuis le 1er janvier, Albanais, Ivoiriens, Guinéens, Géorgiens et Arméniens ont été parmi les plus nombreux à frapper à notre porte. Ils ont réclamé un droit d’asile dont ils ont contribué à faire exploser le nombre de demandes […]. Ressortissants de pays en paix ou réputés "sûrs", ils n’y sont, en principe, pas éligibles. Mais notre complaisance, déplore Le Figaro, leur permet de tenter leur chance pour disparaître dans le long labyrinthe des procédures d’examen des dossiers. Déboutés dans leur grande majorité, ils s’évaporent ensuite dans la nature, faute de pouvoir être immédiatement raccompagnés dans leur pays. Complètement défaillante, en dépit des réformes engagées par l’actuel gouvernement, notre politique de lutte contre l’immigration clandestine mérite d’être revue et corrigée de A à Z, affirme encore Le Figaro. En limitant l’accès aux demandes d’asile aux seuls réfugiés politiques et en supprimant les aides sociales mises spontanément à disposition. En conditionnant enfin notre aide économique à l’acceptation, par les pays d’origine, de leurs ressortissants expulsés. »

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