Kenya: «Miss President» veut lutter contre les préjugés sexistes en politique

Au Kenya, une nouvelle émission de télé-réalité veut casser les préjugés sur les femmes en politique et prouver au public kényan qu’une femme peut devenir présidente. « Miss President », ce seront 26 épisodes en prime time à la télévision kényane dès le début de l’année prochaine, financés par l’Union européenne. Les participantes seront testées sur leur qualité oratoire et sur leur capacité à lutter contre la corruption et l’insécurité. Les moins bonnes seront éliminées par des juges jusqu’au dernier épisode, ou le public prendra le relais pour élire sa « Miss présidente »

Vous êtes une femme d’action ? Et si vous aviez la chance de devenir présidente ? Les visages de Lupita Nyong'o, célèbre actrice d’origine kényane et de Koki Mutungi, pilote de Kenya Airways défilent à l’écran. Sur les mille candidates qui ont répondu à cette annonce, seules 50 auront la chance de prouver aux Kényans leurs qualités de leader.

« Cette émission va permettre au Kényan de voir des femmes diriger, relever des défis et apporter des réponses à des problèmes nationaux. Miss President questionne les préjugés au sujet des femmes et de la politique et poussera les Kényans à se poser eux même la question : ces idées sont elles vraies ou fausses ? », expliqueHarrison Manga, chef de projet chez l’ONG Media Focus on Africa qui produit l’émission.

Le Kenya est le mauvais élève de la parité en politique dans la région, avec seulement 22 % de femmes à l’Assemblée nationale. Caroline Chege, candidate à Miss Presidente, l’a appris à ses dépens lorsqu’elle s’est présentée aux élections sénatoriales l’année dernière.

« Je fais de la politique depuis plus de 10 ans. J’ai mis en place des projets pour les veuves, pour les handicapés et pour l’éducation des orphelins. Pourtant lorsque j’ai annoncé que je voulais devenir sénateur, tout le monde m’a dit : tu n’es qu’une fille. Sans regarder mes compétences, mon parcours, ni mes capacités. Aujourd’hui, les principaux obstacles à l’entrée des femmes en politique sont les préjugés sociaux et culturels. Les femmes elles-mêmes ne voient pas les autres femmes comme des leaders », affirme-t-elle.

En passant à la télévision, les candidates espèrent servir d’exemple et inspirer d’autres femmes, c’est le rêve de Brightstar Kasioka. Couettes enfantines et voix fluette, la jeune fille est également handicapée d’une main, cela ne l’a pas empêchée d’être nommée représentante de la jeunesse auprès du gouverneur du comté de Kitui à seulement 19 ans et d’avoir une vision précise de ce qu’elle veut pour sa communauté et son pays.

« Dans mon village, je suis la première fille a aller à l’université. J’ai voulu être un leader pour cette communauté et leur montrer que c’était possible. Car les gens croient quand ils voient. Si je gagne Miss President, je pousserai à la mise en place d’un projet pour les personnes handicapées, car il y a tant de stigmatisation. Donc je veux utiliser mon influence pour influencer le monde et changer la manière dont les gens voient le leadership ».

Dans 5 ans, Brightstar se rêve déjà au Parlement et à la tête de sa propre émission de télévision.

Partager :