A la Une: l'affaire Benalla

Il s’appelle Alexandre Benalla. Et c’est à l’Elysée qu’il travaille. Proche collaborateur du chef de l’Etat, il était inconnu du grand public jusqu’à la mise en ligne, par le site Internet du journal Le Monde, d’une vidéo le montrant sous le casque d’un policier lors du défilé du 1er Mai à Paris, frappant un manifestant déjà maîtrisé et à terre. Le 4 mai, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron a mis à pied Alexandre Benalla pendant quinze jours. Mais s’est gardé d’en informer la justice. Aussitôt lancée par Le Monde, « l’affaire Benalla », c’est le moins que l’on puisse dire, allait donner lieu à un vrai festival d’erreurs de communication au plus haut niveau de l’Etat.

Et ce matin, la presse française s’en donne à cœur joie. Le Figaro a la dent dure pour le chef de l’Etat. « Décidément, Jupiter n’est pas Mercure, lance ce quotidien. Cette lamentable affaire Benalla prouve que le dieu de la communication n’a pas pris ses quartiers à l’Élysée. Et que faute d’avoir géré immédiatement un problème disciplinaire, Emmanuel Macron doit affronter une crise politique », estime Le Figaro, qui se demande si, dans cette « affaire Benalla », on assiste à une « communication de crise ou (une) crise de communication ».

Davantage que les images – certes choquantes, mais il n’y a pas eu mort d’homme – c’est en effet la gestion de cette affaire par l’exécutif qui alimente cette tempête. Pour s’en convaincre, il n’est d’abord que de lire l’éditorial de Libération. « Manu, quelle boulette ! Monsieur le président, quelle carabistouille », lance ce journal, et vous l’aurez compris, c’est directement Emmanuel Macron – « Manu » dans le texte – qui est interpellé ce matin par la presse française dans son ensemble. Parce qu’Alexandre Benalla, lui, intéresse plus maigrement les journaux français, qui rappellent tout de même que cet homme, que Libé qualifie de « tête à casque » - façon de suggérer qu’il a, selon ce journal, une tête à claques – n’en est pas à son coup d’essai. Passons.

Mais comme il faut bien un titre de Une,Libération a trouvé l’homme par qui le scandale arrive le sobriquet qui convient, celui de gorille. En référence à une des premières chansons de Georges Brassens, Libé lance en Une ce cri d’alarme : « Gare au gorille », étant rappelé qu’un « gorille » est aussi un gros bras en civil chargé de la sécurité d’une personnalité.

L’affaire, en tout cas, « fragilise » d’autant plus l’Elysée, admet en Une ce  quotidien qu’une enquête policière est ouverte à l’encontre d’Alexandre Benalla.

« Affaire Benalla » : affaire d’Etat ?

Résultat les journaux français se demande s’il s’agit ou non d’une affaire d’Etat. A chacun sa vérité. Pour La Croix, par exemple, s’il s’agit bien d’une « bavure », ça n’est « pas encore une affaire d’État ». Tout est bien sûr dans le « pas encore » du quotidien catholique. Mais il n’empêche, La Croix « s’inquiète », et s’interroge. « Comment ces hommes travaillant au service de l’Élysée ont pu s’abandonner à leurs pulsions répressives sans que la (vraie) police en mission ce jour-là ne trouve rien à redire ? Pourquoi les premières sanctions imaginées à l’Élysée ont-elles été aussi timides ? Pourquoi a-t-il fallu attendre que cette vidéo soit postée sur le site du Monde pour que la justice soit enfin saisie ? Poser ces questions, c’est en fait y répondre », énonce La Croix.

L’Humanité, à l’inverse, n’y va pas de main morte pour dénoncer « en Une » ce que ce journal appelle « les voyous de l’Etat Macron. Et le quotidien communiste fait le parallèle avec l’affaire Adama Traoré, ce jeune homme mort il y a deux ans dans un commissariat de police en France, et dont la famille « s’indigne de la lenteur de l’enquête ».

L’Opinion, de son côté, voit dans cette « affaire Benalla la "première vraie grande épreuve politique" pour Emmanuel Macron, et elle vient de là où on ne l’attendait pas ». « L’affaire Benalla » ? C’est une « affaire de basse police dans laquelle on trouve comme souvent ces gens de sac et de corde », un « dysfonctionnement grave », une « tache », et il en faudra beaucoup plus que ce qui a été fait par l’Elysée pour éteindre ce « départ d’incendie » à cause duquel la Macronie est « tétanisée », prévient L’Opinion.

Martinon : en mission chez les Afghans

En France encore, cette information : l’ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy David Martinon va devenir ambassadeur de France en Afghanistan. Selon Libération, ce proche de Nicolas Sarkozy et de son ex-femme, Cécilia Attias, « a été nommé ambassadeur à Kaboul. Il devrait prendre son poste en septembre dans la capitale afghane », où David Martinon sera payé « 30 000 euros par mois », le poste d’ambassadeur de France à Kaboul étant « l’un des mieux payés de la République » précise Libé.

Israël : colons et indigènes

En Israël, une loi a été votée dans la nuit de mercredi à jeudi, qualifiant le pays de foyer national du peuple juif. Mais la presse française se montre plutôt discrète ce matin sur ce sujet. Le journal Libération souligne que cette « loi de l’«Etat-nation juif» creuse les divisions ». Le texte voté stipule que « le droit à l’autodétermination nationale est unique au peuple juif ». Pour le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine, il s’agit ni plus ni moins d’une « légalisation de l’apartheid », rapporte Libé, cette loi étant « perçue comme une humiliation par la minorité palestinienne ».

Pour trouver des commentaires plus relevés, c’est plutôt L’Humanité qu’il convient de lire ce matin. « La Knesset adoube Israël comme Etat d’apartheid », lance le quotidien communiste, qui qualifie ce texte fondamental de loi « made in Likoud » reléguant les Arabes israéliens « au second rang ».

Deschamps : l’homme tranquille

Football, avec les confessions de Didier Deschamps. Du fond de ses vacances, le sélectionneur de l’équipe de France évoque l’avenir. « Il y a encore de belles choses à faire », dit Didier Deschamps au journal Le Parisien, dans sa première interview d’après-Mondial en Russie. Dans cet entretien, le double champion du monde –en tant que footballeur en 1998, en tant que sélectionneur en 2018 -  assure qu’il était « d’une tranquillité et d’une sérénité absolue pendant la compétition. »

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