L’eau et l’électricité n’ont jamais fait bon ménage et tout système électronique qui tomberait malencontreusement dans un liquide peut déjà être considéré comme perdu ! Avec en prime l’électrocution de son porteur, si les appareils étaient reliés au secteur. C’est la raison pour laquelle, les milliers de centres de données de par le monde qui renferment chacun des milliers d’ordinateurs et autant de disques durs pour stocker et aiguiller toutes les informations transitant par le Web, ont élu domicile de préférence au sec, sur la terre ferme.
Mais comme toujours avec l’informatique, il y a un hic ! Les ordinateurs rassemblés que l'on désigne sous le terme « serveurs » consomment autant d’énergie pour fonctionner que pour être refroidis. Par ailleurs, leur nombre ne cesse de se multiplier notamment avec la déferlante de milliards « d’objets connectés » qui envahissent le réseau, alertent les hébergeurs.
Serveur sous-marin à 35 mètres de profondeur
Mais Sean James, un spécialiste des centres de données chez Microsoft a eu en 2014 une idée surprenante : pour les rafraîchir à moindre coût, il suffit de les plonger dans la froideur des océans. Un 1er prototype de serveur sous-marin avait été immergé à dix mètres de profondeur dans l’océan Pacifique au large de la Californie. Tous les ordinateurs qu’il renfermait avaient parfaitement fonctionné durant 105 jours. Fort de ce succès, la firme américaine réitère son expérience en déployant un nouveau centre subaquatique par 35 mètres de fond au large des îles Orcades, au nord de l’Écosse.
Pendant un an, les ingénieurs évalueront sa consommation d’énergie, sa résistance à l’eau de mer, ainsi que le bruit généré par les disques durs qui serait moindre que celui d’un banc de crevettes selon les chercheurs. Le conteneur étanche est un cylindre de douze mètres de long qui renferme 864 ordinateurs entièrement alimentés par des énergies renouvelables provenant de panneaux solaires et d’éoliennes en surface, indique le site du projet dénommé Natick. Cette installation devrait fonctionner cinq ans sans maintenance. « 50 % de la population mondiale vit près des côtes. Alors pourquoi pas nos données ? Ce qui réduirait le temps de latence des connexions », argumente la firme américaine.
Mais rendre nos surfs plus rapides n’est peut-être pas le seul objectif poursuivi par Microsoft. Ces centres de données sous-marins immergés dans des eaux internationales permettraient peut-être aux grandes firmes high-tech d’échapper aux réglementations territoriales concernant la protection de nos données privées.
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