de notre correspondante à Berlin,
Sebastian Kurz, dont le pays prend la présidence tournante de l'UE le 1er juillet, a parlé à Berlin d'un « axe des volontaires dans la lutte contre l'immigration illégale ». C'est aussi un axe de ministres dont le discours flirte avec celui de l'extrême droite. L'Autriche est notamment favorable, tout comme le ministre allemand de l'Intérieur, à la création de centres de regroupement fermés, dans lesquels les demandeurs d'asile devraient séjourner pendant toute la procédure d'examen de leur dossier. En Allemagne il faut compter en moyenne huit mois. De tels centres se trouveraient idéalement en dehors de l'UE pour le chancelier autrichien. La presse allemande évoque des îles dépeuplées de Grèce ou l'Albanie. « Les réfugiés y seraient protégés, mais ne bénéficieraient pas des avantages de l'Europe occidentale », insiste Sebastian Kurz, qui dit « vouloir agir avant la catastrophe », à cause de nouvelles évolutions de la route albanaise. En clair, Kurz veut éviter l'arrivée comme en 2015, d'une nouvelle vague de plusieurs centaines de milliers de personnes vers l'Europe.
Est-ce aussi la position d'Angela Merkel ?
Angela Merkel a modifié son discours depuis 2015. Elle aussi est favorable à une limitation de l'immigration. Surtout depuis le succès du parti d'extrême droite AfD aux législatives de septembre dernier, qui a connu une entrée fracassante au Bundestag.
La bonne entente affichée par son ministre de l'Intérieur et le chancelier autrichien affaiblit sa position. Angela Merkel veut en effet parvenir fin juin à un accord européen sur le dossier des migrations. Elle rejette donc toute initiative bilatérale ou tripartite, telle que celle présentée par Horst Seehofer et le chancelier autrichien. Son problème: elle semble de moins en moins suivie sur ce point au sein du camp conservateur en Allemagne.
Certains media vont jusqu'à parler d'isolement d'Angela Merkel...
« Angela Merkel a le dos au mur, estime le Spiegel. La pression d’une partie de la presse populaire, l’agitation permanente entretenue par l’AfD contre la politique allemande des réfugiés, les remontées en provenance de leurs circonscriptions expliquent que beaucoup de députés de la CDU et de la CSU veulent voir l’Allemagne enfin durcir sa politique de l’asile. Surtout les chrétiens-sociaux qui ont les yeux rivés sur les élections régionales en Bavière à l’automne. »
Entre Angela Merkel et son ministre de l'Intérieur, qui ne se sont jamais appréciés, rien ne va plus. Horst Seehofer a dû annuler la présentation de son « masterplan migration » prévue pour mardi. Le ministre annonçait dans la foulée qu’il ne participerait pas mercredi à la conférence sur l’intégration organisée par sa cheffe « pour des raisons de calendrier ».
Le partenaire de coalition de la CDU-CSU, les sociaux-démocrates, se tiennent pour l’instant en dehors de ce débat interne au camp conservateur qui menace de faire imploser la coalition.