Même si un vent de relative liberté souffle sur le Zimbabwe depuis six mois, le départ de Robert Mugabe n’a pas amené le changement économique tant espéré par la population. Alex, un jeune sans emploi, ne cache pas son impatience.
« Le gouvernement nous avait promis que dans les 100 jours, la situation changerait. Mais rien n’a changé. Les jeunes comme nous n’ont toujours pas trouvé de travail. »
Pourtant, l’optimisme est bel et bien de retour, si l’on en croit l’avocat Brian Mataruka, spécialiste en droit des entreprises dans un grand cabinet de Harare.
« Nous avons énormément de demandes, depuis novembre, de compagnies internationales qui veulent savoir quelle est l’atmosphère dans le pays, et si le Zimbabwe est vraiment ouvert aux affaires. Il ne faut pas oublier que le Zimbabwe a été isolé pendant plus de 15 ans et la relance ne va pas se produire en une nuit. »
Depuis novembre, le gouvernement d’Emmerson Mnangagwa multiplie les gestes en direction des investisseurs étrangers, selon l’analyste économique John Robertson.
« Désormais, les compagnies internationales ne sont plus obligées de se soumettre à la loi sur l’indigénisation. Avant, il fallait qu’elles cèdent 51% de leurs capitaux à des investisseurs locaux. Cette règle continue de s’appliquer pour les mines d’or ou de platine, mais nous espérons voir des activités manufacturières revenir dans le pays. »
Mais avant cela, les élections seront un test décisif pour le pays, rappelle l’avocat Brian Mataruka.
« Le Zimbabwe doit avoir des élections libres et justes. C’est la condition pour que le vainqueur soit respecté sur la scène internationale et qu’il puisse faire avancer le pays. »
Malgré sa position géographique enviable et ses nombreuses ressources, le Zimbabwe revient de loin et les défis sont de taille, de l’aveu même du président de la Chambre des industries zimbabwéennes, Sifelani Jabangwe.
« Nous avons besoin de capitaux frais. La moitié de nos entreprises utilisent du matériel vieux de 50 ans… Impossible d’être compétitif dans ces conditions. Faire des affaires ici coûte cher, puisque nous utilisons le dollar américain comme monnaie de référence. La lourdeur de la bureaucratie est un autre obstacle. »
En attendant, les importations restent largement supérieures aux exportations au Zimbabwe, avec un déficit commercial qui a grimpé à 860 millions de dollars ces derniers mois.