C'était le 4 mars dernier, une journée particulière en Italie, les élections générales dominées par deux partis antisytème : la Ligue à l'extrême-droite, et le Mouvement 5 étoiles, parti plus inclassable mais résolument anti-européen et anti-austérité. Au nom du peuple italien, leurs dirigeants ont tenté d'imposer à la présidence du conseil, l'économiste Giuseppe Conte et surtout au poste clé du ministère de l'économie Paolo Savona, vieux briscard de la politique italienne qui n'a de cesse de dénoncer tous ceux, forcément affreux sales et méchants qui depuis Bruxelles imposent leur diktat à Rome. Veto du président italien Sergio Mattarella, c'était le weekend dernier, autant dire un siècle. Depuis on assiste à un mauvais remake du Bon, la Brute et le Truand, chacun dans ce psychodrame italien s'attribuant le beau rôle. Aux cris d'orfraies de Matteo Salvini, le patron de la Ligue et de Luigi di Maio celui du Mouvement 5 Etoiles, le président italien répond qu'il est le garant de la Constitution, pas question pour le chef de l'Etat de se lancer dans l'Avventura d'une possible sortie de l'Euro sans avoir auparavant consulté les électeurs sur cette question précise. On se dirige donc vers de nouvelles élections, y a-t-il un risque qu'entre Rome et Bruxelles les électeurs choisissent un divorce à l'Italienne ? C'est notre débat du jour.
Pour en débattre:
- Francesco SARACENO, chercheur à l’OFCE et membre du conseil scientifique de l’université libre des sciences économiques et sociales, à Rome. Auteur du livre "L'économie à l'épreuve des faits: Comprendre les controverses du passé pour éclairer les défis de la société", RB éditions
- Frédéric ATTAL, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Valenciennes.