« Où va l’Italie ? », s’interrogeait-on dans cette revue de presse mardi dernier. Eh bien, on ne sait toujours pas. L’alliance improbable entre la Ligue du Nord et le Mouvement Cinq étoiles n’aura pas suffi.
C’est le président italien qui a provoqué l’explosion hier en refusant de nommer le ministre de l’Economie eurosceptique que proposait Giuseppe Conte, le Premier ministre désigné par la coalition. Celui-ci a donc renoncé à former un gouvernement.
« Pas encore investi et déjà démissionnaire, constatent Les Echos. (…) L’Italie est habituée aux crises politiques qui se sont succédé et, plus ou moins, ressemblées depuis la proclamation de la République il y a 70 ans. Celle dont elle n’arrive pas à sortir depuis les élections législatives du 4 mars dernier est unique. Par sa durée, 84 jours, un record. Par sa forme surtout. Les Italiens retourneront aux urnes pour la deuxième fois en un an. » De nouvelles élections devraient en effet avoir lieu à l’automne prochain.
« C’est donc une crise politique d’une gravité sans précédent dans laquelle plonge l’Italie, renchérit Le Figaro. Dans une déclaration d’une grande intensité dramatique, le président Sergio Mattarella a réaffirmé qu’il avait agi dans le plein exercice de ses prérogatives constitutionnelles. Il a refait la genèse des efforts déployés pendant 84 jours pour donner vie à un 'gouvernement politique', tout en rappelant que le président de la République ne 'pouvait se voir imposer un choix' qu’il réprouvait. Allusion très claire aux fortes pressions exercées par la Ligue du Nord et le Mouvement Cinq Etoiles, les tuteurs politiques de Giuseppe Conte, pour le contraindre à accepter la nomination de Paolo Savona, au poste de ministre de l’Economie. 'Non à quelqu’un qui professe la sortie de l’euro. Il en va du respect de l’épargne des ménages', a-t-il ajouté. »
Pour leur part, souligne encore Le Figaro, « La Ligue et le Mouvement Cinq étoiles n’ont pas manqué d’accuser durement le chef de l’État de trahir le vote des Italiens. »
« Le dégagisme version italienne a un goût prononcé de commedia dell’arte, commente Le Journal de la Haute-Marne. Il assomme non seulement les partis traditionnels mais il déstabilise aussi ceux qui prétendaient les remplacer. »
Résultat, pointe La Nouvelle République du Centre Ouest, « au-delà de l’incertitude durable née de l’alliance entre deux partis que beaucoup de choses semblaient opposer, s’est ajoutée, désormais, une crise institutionnelle. Il parait fort peu probable (en effet) que le président Sergio Mattarella arrive à trouver un premier ministre capable d’obtenir une majorité. » De nouvelles élections s’annoncent donc en Italie, à l’automne prochain.
Petite marée mais malaise persistant…
En France, la « marée populaire » contre Macron, à l’appel de l’opposition de gauche, n’est pas montée très haut…
« L’objectif de l’unité est atteint, celui du nombre toujours pas, pointe Libération - ils étaient 31.700 à Paris selon le comptage du cabinet Occurrence pour un collectif de médias (dont Libé) - la CGT annonce 80.000, la police 21.000. Le Premier ministre s’est moqué en parlant d’un 'petit coefficient' de marée. Les opposants restent sur la même longueur d’ondes : le 'combat continue'. »
Pour Le Figaro, « cet échec n’est pas uniquement numérique. Non sans mal ni sans ambiguïté, cette journée du 26 avait permis la conjonction de LFI, La France Insoumise, et la CGT, du nouveau premier parti de la gauche et de l’ancien premier syndicat. En voulant se renforcer l’un l’autre, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Martinez se sont affaiblis et l’un et l’autre. L’un a joué les fiers-à-bras rendant de moins en moins crédibles ses promesses d’embrasement populaire ; l’autre a dangereusement malmené l’indépendance syndicale. S’abîmant dans un combat politique et laissant son concurrent de la CFDT, Laurent Berger, engranger les concessions du gouvernement sur la réforme de la SNCF. »
Attention, préviennent pour leur part Les Echos, « un an après la présidentielle, les Français continuent à se tenir très loin de tout ce qui touche à la politique, mais leur regard sur Emmanuel Macron s’est durci. S’ils veulent des réformes, ils sont aussi deux sur trois à 'souhaiter que le gouvernement dialogue davantage' (…) »
Alors, s’interroge le quotidien économique, « quelles leçons l’exécutif tirera de la victoire qu’il vient de remporter ? (…) Une bonne partie du groupe LREM rêve d'une année 2 du quinquennat plus en rondeurs. »
En effet, relève Le Républicain Lorrain, « de ce semi-échec de Mélenchon et consorts, l’exécutif aurait tort de tirer des conclusions hâtives. Car le malaise social nourri par une sourde contestation de sa politique d’inspiration libérale demeure et tend même à se développer. »
Municipales de 2020 : la bataille de Paris a déjà commencé
« En marche sur Paris » : c’est le grand titre de Libération. Libération qui note que LREM, La République en Marche d’Emmanuel Macron, a déjà les municipales de 2020 en ligne de mire, avec une obsession : ravir la capitale à Anne Hidalgo. Dossier de six pages sur cette formidable bataille en perspective… Sur les rangs, on parle de Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, du milliardaire Xavier Niel, proche de Macron ou encore d’un certain Edouard Philippe… En tout cas, « sur cette route radieuse, un obstacle se dresse, note Libération : Anne Hidalgo. Socialiste se tenant à l’écart des querelles de parti, appuyée par une coalition qui résiste à la tempête soufflant sur les gauches, munie d’un bilan qui plaît aux classes moyennes progressistes, suffisamment sociale pour conserver les quartiers plus populaires, animée par un impératif écologique où sa croisade anti-automobile n’est pas forcément un handicap - la moitié des Parisiens n’ont pas de voiture -, la maire de Paris ne rendra pas facilement la place. »
Le Spider-Man du 18e arrondissement
Enfin, le héros du jour s’appelle Mamadou Gassama…
Mamadou Gassama est en photo dans Le Parisien ; on le voit en train d’escalader la façade d’un immeuble du 18e arrondissement pour aller sauver un enfant qui était suspendu à un balcon dans le vide. C’était samedi soir. Celui que l’on surnomme déjà Spider Man est un jeune homme de 22 ans, sans papiers, arrivé du Mali il y a quelques mois.
« Et la 'belle histoire' pourrait se poursuivre. Mamadou Gassama s’est en effet entretenu avec Anne Hidalgo hier, note Le Parisien. 'Son geste héroïque est un exemple pour tous les citoyens, a déclaré la maire de Paris, et la Ville aura évidemment à cœur de le soutenir dans ses démarches pour s’établir en France'. »
Autre coup de pouce et non des moindres, le jeune malien sera reçu ce lundi à l’Elysée par Emmanuel Macron.