Le mariage princier en Grande-Bretagne, une bonne affaire pour les Windsor?

Comme chaque semaine, nous retrouvons la chronique de Bruno Daroux, Le Monde en Questions. Et la question que vous posez est la suivante : le mariage princier qui aura lieu ce samedi à Windsor entre le prince Harry et l’actrice américaine Meghan Marckle est-il une bonne affaire pour la dynastie des Windsor ?

Eh bien, globalement oui.

Premier point : ce mariage princier, moins stratégique bien sûr que celui de William il y a sept ans, qui intronisait en quelque sorte le fils aîné de Diana comme héritier du trône britannique posé et installé, permet d’abord à la famille Windsor de faire parler d’elle à travers le monde entier. De quoi ravir en retour les journaux et hebdomadaires people, sans parler des autres organes de presse qui tous consacrent des pages ou des éditions spéciales à l’évènement. Ils tiennent là un conte de fées façon XXIe siècle, entre un jeune prince sympathique et engagé, comme sa mère Diana, dans des actions caritatives, et une actrice américaine de 36 ans, divorcée, métisse et féministe convaincue.

On est bien loin du scandale qui dans les années 1930, avait forcé Edouard VIII, amoureux d’une Américaine divorcée, à renoncer au trône. Aujourd’hui, la reine Elisabeth, échaudée par l’énorme erreur de communication au moment de la mort tragique de de la princesse Diana en septembre 1997 - qu’elle avait finalement rattrapé grâce à son Premier ministre de l’époque Tony Blair - la reine donc a compris qu’elle devait jouer à la fois la tradition et la modernité, savant mélange qui peut assurer à sa famille une popularité dans la durée.

La reine a de la chance : ses deux petits-fils, sans le vouloir, se complètent à merveille. William, plus posé, plus discret, plus sérieux, montera un jour sur le trône si tout se passe bien. Harry, plus espiègle, plus fêtard, plus charmeur, est un champion en relationnel, s’attirant la sympathie en dépit ou peut-être précisément à cause de ses écarts passés.

Au bout du compte, en termes de communication, c’est donc une opération gagnant-gagnant donc pour tous ces médias et pour la famille royale qui offrira ce samedi une très belle cérémonie, sous le soleil de surcroît, à des dizaines de millions de téléspectateurs à travers le monde.

Sans compter les retombées économiques en livres sterling sonnantes et trébuchantes –le mariage devrait rapporter à l’économie britannique autour de 500 millions de livres – pas loin de 600 millions d’euros.

L’évènement ne fait pas que des heureux néanmoins, y compris au Royaume-Uni. Il y aura ainsi une réunion de Républicains demandant l’abolition de la monarchie à Londres en même temps que les festivités de Windsor.

Deux tiers des Britanniques trouvent l’évènement sans grande importance. Mais l’important justement est ailleurs : il montre que la marque Windsor se porte plutôt bien et permet à des millions de personnes, avec ces mariages diffusés dans le monde entier, de faire revivre en elles leur côté Walt Disney. Enfin, au-delà du folklore, et des belles images, il conforte le rôle politique de la famille royale en Grande-Bretagne.

En renonçant aux pouvoirs exécutifs, il y a déjà fort longtemps, elle a su rester en place et conserver un rôle symbolique, mais important de garant de l’unité nationale – dans un royaume pas si uni que cela – ou être Ecossais n’a rien à voir avec être Gallois. De ce point de vue, c’est une belle réussite.

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