Nucléaire iranien: quels objectifs, motivations et conséquences du choix de Trump?

Comme chaque semaine, nous retrouvons la chronique de Bruno Daroux, Le Monde en Questions. Aujourd'hui, retour sur l’annonce par Donald Trump du retrait de son pays de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Et la question posée est la suivante : quels sont les motivations, les objectifs et les conséquences de cette décision de Donald Trump ?

La réponse à cette question est forcément plurielle. Deux motivations semblent avoir guidé Donald Trump pour décider du retrait de son pays de l’accord de Vienne de juillet 2015. La première tient à la conviction du président américain que les dirigeants de la République Islamique d’Iran incarnent le nouvel axe du mal et représentent une des menaces les plus fortes contre l’Occident en général et les États-Unis en particulier.

De fait, depuis la révolution iranienne de 1979, l’anti-américanisme virulent est l’un des leitmotivs répétés de la République islamique : régulièrement, les déclarations et manifestations dans lesquelles l’Amérique « impérialiste » est conspuée font partie des figures imposées de la mobilisation politique en Iran et servent de ciment à l’unité d’une Nation qui se sent menacée par les États-Unis. En 39 ans, cette animosité réciproque a connu des hauts et des bas. Avec Donald Trump à la Maison Blanche, nous sommes clairement dans un pic de tension.

Isoler le régime de Téhéran et l’affaiblir

Il y a une autre motivation à la décision du président américain : la volonté de défaire tout ce qui a été fait par son prédécesseur Barack Obama – notamment en matière d’accords internationaux, accord de Vienne donc, mais aussi accord de Paris sur le climat, que Trump juge inutiles, mal ficelés ou naïfs ou néfastes pour les intérêts de l’Amérique.

Au-delà de ces motivations, le président américain poursuit plusieurs objectifs : d’abord, isoler et si possible affaiblir le régime de Téhéran, économiquement et politiquement. Ensuite, le contraindre, par cette manière forte, à renégocier un nouvel accord plus global, sur son activité nucléaire qui serait contrôlée non pas jusqu’en 2025 comme le prévoit le texte de 2015, mais bien au-delà, sur ses activités balistiques et sur son expansionnisme régional, en Irak, en Syrie et au Liban. Il s’agirait de casser ce qu’on appelle parfois l’arc chiite, cette hégémonie régionale qui inquiète tant les États-Unis, Israël et l’Arabie saoudite.

Regain de tension

Des objectifs qui sont loin d’être atteints pour l’instant, alors que la décision de Donald Trump entraîne déjà plusieurs conséquences, régionales et internationales. Un regain de tension entre Israël et l’Iran, avec ces tirs mutuels entre le plateau du Golan et le territoire syrien, ce qui fait d’ailleurs que l’enjeu syrien et l’enjeu iranien sont en train de se confondre, comme l’a expliqué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Autre conséquence, le renforcement de l’axe anti-iranien États-Unis/ Israël/ Arabie saoudite. Et enfin la crispation de la relation transatlantique USA/ Union européenne, par le biais des menaces américaines sur les entreprises européennes qui continueraient d’exercer en Iran. Un premier bilan inquiétant pour la suite.

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