Vincent Bolloré perd pied en Italie

Vincent Bolloré vient d’essuyer un nouveau revers en Italie avec la perte de contrôle de l’opérateur Télécom Italia, une semaine après sa mise en examen pour ses concessions portuaires en Afrique.

Et si la mise en examen de Vincent Bolloré devait « peser longuement » sur son groupe, comme il l’a anticipé cette semaine dans une lettre à ses salariés ? C’est la question qui se pose après le retournement de majorité au conseil d’administration de Telecom Italia qui l’amène à perdre le contrôle de cet actif au profit du fonds américain Elliott, avec l’aide de la Caisse italienne des dépôts. Malgré une position de premier actionnaire, Bolloré ne dispose plus que de la moitié des sièges par rapport à la liste soutenue par son rival. Une déconvenue qui s’ajoute à d’autres puisque l’industriel a dû jeter l’éponge après avoir tenté de grignoter Ubisoft, l’éditeur de jeux vidéos. Sa technique, qui consiste à entrer au capital des entreprises de façon minoritaire pour ensuite en prendre le contrôle, a du plomb dans l’aile. Et il n’a pas réussi à arrêter l’hémorragie des abonnements à Canal + France.

Mais ce sont bien sûr ses affaires africaines qui fragilisent d’abord Bolloré. Pas seulement parce les juges Tournaire et Buresi le soupçonnent de « corruption » pour avoir, via sa filiale Havas, sous-valorisé les campagnes d’Alpha Condé en Guinée ou de Faure Ganssingbé au Togo contre des concessions portuaires. C’est aussi parce que c’est tout un système qui risque d’être mis à jour. Un système qui consiste à mettre les prestations de communication d’Havas au service de leaders politiques avec lesquelles Bolloré est ou espère être en affaires. C’est Denis Sassou Nguesso, le président du Congo dont Havas renégocie la dette avec Lazard alors que Bolloré assure la gestion du port de Pointe Noire. Ce peut être, demain, la Mauritanie dont Havas soigne l’image de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, opposant au chef de l’Etat.

Là où la machine se grippe un peu, c’est qu’elle fonctionne de plus en plus au vu et au su de tout le monde. Ce n’est pas pour rien que Vincent Bolloré attaque au tribunal de commerce l’émission de France 2, Complément d’enquête, en lui réclamant 50 millions d’euros. Elle a jeté une lumière crue sur ses implantations africaines. Ensuite, il n’est pas sûr que soit efficace son argumentation consistant à dire que « des campagnes véhiculant [contre lui] des informations fausses ou malveillantes » vise en en réalité à faire de l’Afrique « une terre de non-gouvernance, voire de corruption ». Pour éviter les remous, Vincent Bolloré a choisi d’abandonner la présidence du conseil de surveillance de Vivendi à son fils Yannick. Il a assurément perdu la bataille de l’image, et ce depuis qu’il contrôle à la fois Havas et Canal+. Ce n’est pas le moindre des paradoxes…

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