A la Une: en Côte d’Ivoire, rien ne va plus entre le RDR et le PDCI

« PDCI-RDR, la guerre », titre carrément L’Inter à Abidjan. « C’est peu dire que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire et le Rassemblement des Républicains ne parlent plus le même langage, en ce qui concerne l’alternance annoncée pour 2020 et le parti unifié. Cela va de Charybde en Scylla, s’exclame le quotidien ivoirien. On devrait même dire que c’est la guerre totale, tant les inimitiés longtemps enfouies dans les cœurs des uns et des autres (…) sont révélées au grand jour. »

Pour le PDCI, pas question de s’allier au RDR pour former un parti unifié dans la perspective de la présidentielle de 2020, relève Soir Info. Son objectif premier reste « le respect de la clause secrète d’alternance », à savoir qu’un de ses membres soit désigné comme le successeur du président Ouattara. « De fait, pointe Soir Info, à l’occasion du rassemblement de samedi, en l’honneur de Bédié, le PDCI a ouvertement réclamé à son allié au pouvoir que cette promesse (d’alternance) soit tenue. (…) Pour la première fois, a été porté en public ce deal scellé par Ouattara et Bédié. »

Dès hier dimanche, le RDR a réagi, notamment par la voix d’Adama Bictogo, vice-président du RDR, cité par Soir Info : « Nous disons à tous ceux au PDCI qui s’agitent, à ces politiciens de salon, que la récréation est terminée. Le RDR n’acceptera plus d’injures de la part de ceux qui travaillent contre la stabilité de notre pays. Ça suffit ! »

Se parler !

Fraternité Matin résume la situation : « de nombreux militants du RDR ne voient pas pourquoi ils s’effaceraient volontairement du pouvoir qu’ils n’auront exercé que pendant dix ans, pour laisser la place à un PDCI qu’ils soupçonnent de devenir revanchard. Le PDCI de con côté, qui accuse son partenaire d’arrogance, ne veut plus faire la courte échelle au RDR pour lui permettre de conserver le pouvoir. »

Et Fraternité Matin de s’interroger : « que sortira-t-il de tout cela ? La Côte d’Ivoire, estime-t-il, ne plus se payer le luxe d’une nouvelle querelle entre le RDR et le PDCI. Inutile de répéter ce que cela a déjà coûté au pays dans le passé. Et ce que leur réconciliation lui apporte actuellement. Il convient, dès lors, qu’ils se rencontrent, se parlent franchement, vident les éventuels contentieux, ajustent ce qu’il faut ajuster et partent en tandem à la prochaine présidentielle, comme ils dirigent en ce moment le pays. »

Bisbilles aussi au sein du RDR

La situation politique en Côte d’Ivoire est suivie de près par le voisin burkinabé… L’Observateur Paalga note qu’en marge de cette guéguerre entre les deux partis au pouvoir, « il ne règne pas une grande sérénité dans les rangs du RDR. On y sent comme un parfum de querelle pour succéder à Alassane Ouattara : entre Amadou Gon Coulibaly, actuel premier ministre, Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, et Ahmed Bakayoko, ministre de la Défense, ce n’est pas la parfaite entente. Chacun des trois hommes rêve d’être calife à la place du calife non sans fourbir ses armes pour le contrôle du parti présidentiel afin de s’en servir le moment venu pour assouvir ses ambitions politiques. De là à diagnostiquer un éclatement futur du RDR, il y a un rêve vite fait par le Sphinx de Daokro et ses stratèges du PDCI, pointe le quotidien ouagalais, qui voudraient alors positionner d’ores et déjà Henri Konan Bédié candidat à la présidentielle de 2020 et le parti historique d’Houphouët Boigny comme la matrice originelle de l’unité des houphouëtistes. »

Que peut Ouattara ?

Enfin, pour Le Pays, « celui qui peut empêcher un scénario catastrophe pour la Côte d’Ivoire, c’est le président Alassane Dramane Ouattara. Et le premier acte fort qu’il peut poser dans ce sens est de retourner l’ascenseur au PDCI, en soutenant le candidat que ce parti aura librement choisi pour défendre ses couleurs en 2020. Par-là, non seulement il permettrait à son aîné Bédié de ne pas perdre la face, mais aussi et surtout il pourrait contribuer à installer dans la durée la Côte d’Ivoire dans une stabilité politique. Seulement, tempère Le Pays, on peut se demander si Alassane Ouattara, même s’il le veut, a aujourd’hui la capacité d’imposer cette option à sa troupe. Cette question est d’autant plus pertinente qu’au sein du RDR, il existe des cadres et pas des moindres, qui, en se rasant chaque matin, caressent le secret espoir de succéder à leur mentor au palais de Cocody en 2020. »

Partager :