A la Une: Jean-Marie Le Pen, les mémoires d'une figure politique controversée

Le fondateur du Front national publiera le 1er tome de ses mémoires, Fils de la Nation, dans moins d’une semaine. Jean-Marie Le Pen y raconte ses aventures, de sa naissance en 1928 à la fondation du FN en 1972. La suite sera publiée à la fin de l’année. Des « Secrets d’Histoire », promet la Une du Point de cette semaine. Le magazine propose quelques extraits. On apprend par exemple que, dans son livre, Jean-Marie Le Pen réitère ses propos polémiques sur la Shoah, « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale » selon lui. Pour rappel, ces propos lui ont valu d’être exclu du FN par sa fille Marine Le Pen.

Jean-Marie Le Pen revient aussi sur ses nombreuses rencontres, politiques notamment. En 1945, celle avec le général de Gaulle ne lui inspire guère de compliment. « Il me parut laid, écrit-il, […] il n’avait pas une tête de héros. Un héros doit être beau. Comme Saint-Michel ou le maréchal Pétain. » C’est en tout cas l’avis de Jean-Marie Le Pen. Vous l’aurez compris, ce livre risque de faire grand bruit, et de susciter quelques polémiques.

Peut-être est-ce pour cela, que Jean-Marie Le Pen aurait eu du mal à trouver un éditeur, comme on peut le lire dans Le Monde Magazine. D’après un des conseillers du fondateur du Front national, le manuscrit aurait circulé « entre deux ou trois éditeurs, qui l’auraient refusé après toutes sortes de pressions ». Une affirmation démentie par plusieurs maisons d’éditions.

Finalement, pour le Figaro Magazine, ces mémoires sont peut-être plus celles du Front national que celles de Jean-Marie Le Pen. Le livre paraît en effet à la veille d’un congrès du parti, qui doit voir le nom Front national disparaître, conformément à la volonté de Marine Le Pen. Une manière de se défaire du lourd héritage de son père.

Les querelles agitant le clan Hallyday

« Les psychodrames de l’héritage » titre L’Express. « C’est le Roi Lear sur tapis rouge », est-il écrit à propos des luttes entre les différents membres de la famille du chanteur décédé. D’après le magazine, les Français se passionnent pour cette histoire « parce qu’ils s’y projettent ». La psychothérapeute et philosophe Nicole Prieur explique ainsi que les « réactions émotionnelles et affectives » face à cette affaire « découlent d’un phénomène d’identification très fort ».

« Ces déchirements, dit-elle, nous renvoient à notre propre histoire et nous incitent à nous interroger sur ce que nous aurions fait nous même dans de telles circonstances ». Nicole Prieur met aussi en avant l’évolution de notre société et ses conséquences sur les questions d’héritage : dans les familles recomposées, l’héritage peut parfois poser problème (comme c’est le cas dans la famille Hallyday). L’allongement de la durée de vie, autre évolution sociétale, peut avoir une influence. Selon Nicole Prieur, aujourd’hui les seniors sont tiraillés : « doivent-ils profiter au maximum de leur argent au détriment de la génération suivante ? Ou préserver celle-ci en mettant de l’argent de côté pour elle ? ».

De Simone de Beauvoir à #MeToo

« Simone de Beauvoir aurait-elle tweeté #MeToo ? » se demande L’Obs en préambule d’un vaste récit de 70 ans de luttes féministes. De Simone de Beauvoir donc, auteur du Deuxième Sexe en 1949, à l’affaire Weinstein qui a enflammé les réseaux sociaux et fait entendre des paroles de femmes que l’on entendait pas, ou que l’on ne voulait pas entendre peut-être, jusque-là. Dans son dossier, l’hebdomadaireétablit ainsi un parallèle entre les combats féministes des années 70, portant notamment sur la question du viol ou celle du droit à l’avortement, et ceux d’aujourd’hui symbolisés par le mouvement « Balance ton porc ».

On peut ainsi lire une interview croisée de Marlène Schiappa, actuelle ministre des Droits des femmes, et Yvette Roudy, celle qui a inauguré le poste entre 1981 et 1986. Elles évoquent par exemple, le débat récent autour du harcèlement, que certains veulent faire passer pour de la séduction ou de « la galanterie à la française ». Yvette Roudy regrette ainsi que « des femmes ou des hommes se servent de cette notion contre le mouvement actuel ». Marlène Schiappa, elle, dit ne pas comprendre que l’on « mélange galanterie et harcèlement », et dénonce la « tribune des 100 », signée par des femmes, qui revendiquait le « droit d’importuner » pour les hommes.

Un avis partagé par l’historienne Michelle Perrot, interrogé aussi par L’Obs. Pour elle, le mouvement « Me Too » se place dans la continuité des batailles pour le droit à l’IVG, la diffusion de la contraception ou encore la loi sur le viol, puisque tous ces combats visent à la reconquête de la liberté de leurs corps par les femmes.

Une société du « tout interdit » pour Le Figaro Magazine

Sur la couverture du Figaro Magazine de cette semaine, on peut ainsi voir plusieurs ronds barrés, avec les pictogrammes symbolisant la « drague »,« tabac », « alcool », ou encore « vitesse » écrits. Et ce titre (très mesuré) « La société du tout interdit ». C’est simple, pour l’hebdomadaire on ne peut plus rien faire et rien dire en France.

Pêle-mêle, on ne pourrait ainsi plus séduire, de peur d’être attaqué « pour une attitude jugée choquante ou un mot déplacé ». Plus rouler vite non plus, avec la baisse de la vitesse règlementaire sur les routes secondaires. « Inutile » clame le Figaro Magazine, qui estime qu’aucune étude ne prouve la corrélation entre baisse de la vitesse et baisse des morts sur la route. Ou encore, ne plus parler de l’islam. L’islam, « sujet inflammable par excellence » selon le journal, qu’on ne peut évoquer sans être sacrifié sur l’autel de la bien pensance.

Ironie de l’histoire, dans ce même numéro du Figaro Magazine, on retrouve, comme régulièrement, une chronique d’Éric Zemmour. Eric Zemmour, plusieurs fois condamné pour des propos islamophobes et pour provocation à la discrimination raciale, et qui a donc encore la parole dans le magazine et dans d’autres médias. Comme quoi, la liberté d’expression ne semble pas morte en France, n’en déplaise au Figaro Magazine. Elle n’est juste pas sans limites, ni sans conséquence.

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