Glencore a fini par lâcher du lest : le Tchad et sa compagnie nationale de pétrole ont 12 ans pour rembourser leur dette d’un milliard de dollars à la maison de négoce suisse, avec une période de grâce, c’est-à-dire zéro mensualité, pendant non pas un an, mais deux ans, a précisé à RFI la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT). Le taux d’intérêt est abaissé de 5 points et demi. Et Glencore fournira intégralement la raffinerie de Ndjamena pour alimenter la capitale tchadienne en électricité.
Huit mois de négociations très tendues
Des concessions obtenues après huit mois de négociations très tendues. Glencore était intraitable et le Tchad menaçait de lui retirer la commercialisation de son pétrole au profit de la compagnie américaine ExxonMobil. Peut-être l’introduction de banques françaises comme Rothschild autour de la table des négociations a-t-elle facilité les choses. Le Tchad est, on le sait, indispensable à la guerre que mène la France contre le jihadisme dans le Sahel. Paris n’a pas intérêt à ce que régime d’Idriss Déby soit à genoux.
Nouvelle tranche de prêt du FMI à la clé
Cet accord est un soulagement financier énorme pour les autorités de Ndjamena. Le Tchad avait fini par consacrer 85 % de ses revenus pétroliers au service de la dette envers le géant suisse. Les prix du baril avaient en effet plongé depuis que les emprunts avaient été contractés, en 2013 et 2014. Le gouvernement avait dû réduire les salaires des fonctionnaires des trois quarts et l’agitation sociale grossissait depuis le mois dernier.
Le gouvernement de Ndjamena gagne un répit dans ses remboursements. Il va pouvoir bénéficier à plein du rebond des cours du brut et demander l’ouverture de la deuxième tranche de prêt du Fonds monétaire international, qui était conditionné à la restructuration de sa dette envers le négociant.
Jurisprudence au Congo ?
Un épilogue favorable au Tchad, qui pourrait faire jurisprudence au Congo. Les autorités de Brazzaville ont cette fois fait appel à la banque Lazard pour les aider à négocier la restructuration de leur dette de 2 milliards 300 millions de dollars, payables en barils à deux maisons de négoce, Trafigura et, de nouveau, Glencore.