Pour l’instant, il a décidé de se battre. Tel un fauve blessé, mais pas encore abattu. Ses nombreux avocats ont déposé des recours contre la décision de la cour d’appel de Porto Alegre qui a confirmé sa condamnation de juillet dernier pour corruption passive et blanchiment d’argent. Et tant que ces recours ne sont pas épuisés, il peut effectivement se présenter à la présidentielle d’octobre ; et dans l’immédiat, continuer à faire campagne. Son parti, le PT, le Parti des travailleurs, l’a d’ailleurs investi dès jeudi 25 janvier comme son candidat pour ce scrutin.
Lula, l’ouvrier métallo qui a combattu la dictature militaire qui régentait d’une main de fer le Brésil de 1964 à 1985, « le président des pauvres » qui, lors de ses deux mandats à la tête du pays de 2003 à 2010, a permis à 30 millions de Brésiliens de sortir de la misère par une politique très active de redistribution sociale, Lula donc, à 72 ans, bon pied bon œil, encore solide comme un roc, n’est pas du genre à baisser les bras.
Avenir assombri
Néanmoins, la décision de justice le concernant assombrit clairement son avenir. En effet, avec cette décision, Lula risque vraiment la prison et aussi l’inéligibilité pour huit ans. Autant dire que le vieux lion se trouve dans une situation judiciaire délicate. Bien sûr, il explique qu’il est victime d’un complot ourdi par une justice qui a passé ce qu’il appelle un « pacte diabolique » avec la droite, le patronat et l’armée.
De fait, l’accusation portée contre lui ne repose pas sur des preuves formelles, mais sur le témoignage d’une seule personne. Cela a suffi au juge anti-corruption Sergio Moro pour l’inculper en juillet dernier. Sergio Moro, c’est le juge qui dirige la grande enquête « Lavage Express » - c’est son nom, enquête tous azimuts sur les cas de corruption autour de la société de BTP Odebrecht, et du puissant groupe pétrolier public Pétrobras. Moro - Lula, c’est aussi l’histoire d’une inimitié totale.
Enquête biaisée selon ses partisans
Les partisans de Lula estiment que l’enquête est biaisée. Et que, si elle a permis de condamner d’autres personnalités plus à droite, elle a surtout visé les proches de l’ancien président. Étrangement épargnées selon eux, des personnalités comme l’actuel président Michel Temer, et beaucoup de sénateurs. Bref, la célérité et la rigueur pour les uns, la lenteur et une certaine bienveillance pour les autres.
Alors que peut-il se passer dans les prochaines semaines ? Lula investi par son parti, va sans doute présenter officiellement sa candidature au mois d’août. Puis faire campagne. Avec le risque que, les recours étant épuisés, le Tribunal supérieur électoral ne le déclare inéligible, à quelques semaines du scrutin. Cette élection s’annonce donc comme la plus incertaine de la jeune démocratie brésilienne, dans une ambiance délétère, où le débat d’idées a disparu, et se réduit à une confrontation parfois violente entre les pro et les anti Lula.