Le Brexit menace des secteurs entiers de l'agriculture européenne. La Grande-Bretagne, deuxième économie et troisième population d'Europe est un grand marché, elle reçoit 9% de toutes les exportations agricoles de l'Union européenne, 47 milliards d'euros en valeur.
On ne sait pas encore ce qui va sortir des négociations entre Londres et Bruxelles, il y a beaucoup d'options, dont un accord de libre-échange.
Retour des barrières douanières
Mais faute d'accord, c'est le retour aux règles minimums de l'OMC, l'Organisation internationale du commerce, qui prévaudra. Cela signifie le retour des barrières douanières. Le retour des droits de douane bien sûr, et, plus handicapant pour les productions agricoles, le retour des barrières non tarifaires, comme les inspections sanitaires, les formulaires, etc. Les chercheurs du CEPII ont calculé qu'au total cela ferait grimper de 50% le prix des huiles végétales européennes importées par la Grande-Bretagne. Pire, la viande bovine et les produits laitiers importés du reste de l'Europe coûteraient deux fois plus cher qu'aujourd'hui aux Britanniques ! La conséquence serait une diminution de 60% du commerce agricole de part et d'autre du Channel. Pour les viandes blanches, les viandes rouges, le sucre et les produits laitiers, ce serait un effondrement : -90%.
L'Irlande et son élevage les plus touchés
Les trois pays les plus pénalisés seraient les Pays-Bas, la France et l'Irlande. Mais l'Irlande serait frappée deux fois : elle exporte beaucoup de viande bovine et ovine vers la Grande-Bretagne, y compris pour une première transformation, mais elle importe aussi beaucoup d'aliments du bétail de Grande-Bretagne, qui seraient également plus chers avec le retour des barrières douanières, ce qui augmenterait d'autant le prix de la viande irlandaise. Pour la Grande-Bretagne, il pourrait s'avérer moins coûteux de faire venir de l'agneau de Nouvelle-Zélande !
En comparaison le secteur de la viande en France s'en sortirait un peu mieux estiment les chercheurs : l'élevage français est très peu dépendant des intrants britanniques, ses coûts n'augmenteraient donc pas avec le retour des barrières douanières britanniques, la viande française gagnerait donc en compétitivité par rapport à la viande irlandaise sur le marché intérieur et sur le marché intra-européen.