Une petite exploitation agricole est nichée au creux d’une des vallées de l’île de Sainte-Hélène. Cinq serres protègent les plants de tomates hors sol et les salades produites par Martin Joshua. Ces cultures peuvent paraitre modestes, mais l’homme est le plus gros producteur de légumes de l’île. « Il y a des gens qui cultivent des pommes de terre et des oignons sur l’île. Mais le problème, c’est qu’il n’y a pas une production continue », déplore Martin. « Soit tout le monde a quelque chose en même temps, soit il n’y a rien du tout. Et bien sûr, ça pose un problème aux magasins. Les fermiers ici se plaignent des importations, mais on doit passer les commandes trois mois à l’avance. »
Martin Joshua a appris la culture hydroponique sur YouTube avant de recevoir un financement du Royaume-Uni pour ses serres. « Notre projet initial c’était vraiment de produire des légumes pour les 4 500 habitants de l’île », explique-t-il. « Mais oui, indirectement, l’aéroport va avoir un impact. Il faudra plus de nourriture, donc ça va augmenter la demande. »
Transformer l’économie locale
À Jamestown, la seule ville de Sainte-Hélène, la directrice de l’Office du tourisme assure que l’aéroport peut transformer l’économie locale. « C’est un cercle vertueux. Nous allons avoir plus de visiteurs, donc les restaurants et les hôtels vont avoir plus de clients, il faudra plus d’infrastructures. » Puis d’ajouter qu’« il faudra produire des légumes, pêcher, construire. Cela va pousser toute l’économie à Sainte-Hélène », assure-t-elle.
D’autres auto-entrepreneurs se sont laissés tenter par les promesses des autorités, qui comptent sur le tourisme pour accélérer le développement de l’île, dont l’économie est nourrie par les subventions britanniques.
Un investissement pas encore rentabilisé
Quand le projet d’aéroport a vu le jour il y a une dizaine d’années, Paul Hickling a décidé d’ouvrir sa distillerie « la plus isolée au monde ». Mais aujourd’hui, il est loin d’avoir rentabilisé son investissement. « Le gouvernement nous a dit : "investissez, parce que l’aéroport arrive" », se souvient Paul Hickling. « Moi j’ai eu l’idée de faire fabriquer des bouteilles-souvenirs spéciales. C’était une bonne idée, mais très coûteuse. Les bouteilles étaient fabriquées en Italie, puis elles ont été envoyées par bateau, en Grande-Bretagne puis ici. Cela m’a couté plus de 100 000 euros juste pour les bouteilles vides. Ce n’était pas un très bon investissement. »
Pourtant, il reconnaît que la construction de l’aéroport a donné un coup de fouet à l’économie locale. « C’est vrai que ce chantier a été bénéfique pour l’économie. Tout le monde avait du travail, il n’y avait plus de chômage sur l’île. Et il y avait donc de l’argent dans tous les foyers. »
Un service de taxi a également vu le jour sur l’île de Sainte-Hélène pour transporter les futurs touristes. Mais ce sont d’abord les habitants de l’île qui en ont profité pour sortir le soir.