Il est désormais libérable. En appel, la justice camerounaise a acquitté Ahmed Abba de l’accusation de blanchiment d’acte terroriste. Emprisonné depuis 29 mois, le correspondant de RFI en langue haoussa avait été arrêté en juillet 2015 alors qu’il réalisait un reportage sur Boko Haram dans le nord du Cameroun.
Désormais libérable, c’est donc un vrai soulagement car, remarque le quotidien burkinabè Le Pays, « au Cameroun, les condamnations d’emprisonnement ferme sont le plus souvent confirmées en appel, quand elles ne sont pas tout simplement revues à la hausse ». Dubitatif cependant, ce journal ouagalais se demande si la « vérité » dans cette affaire a « rattrapé le mensonge ». Se gardant bien de répondre à cette question par lui posée, Le Pays se borne ce matin à soupirer : « Ainsi va la vie au Cameroun où critiquer l’action du régime en place est perçu comme un crime de lèse-président et sévèrement réprimé ».
Son confrère L’Observateur Paalga préfère, lui, mettre en avant son soulagement. C’est « le bout d’un si long tunnel », se réjouit-il, c’est « la fin du cauchemar », Ahmed Abba devrait donc « humer de nouveau, si ce n’est déjà fait, l’air frais de la liberté retrouvée ».
Cet autre quotidien ouagalais crie donc « victoire ». Victoire de la liberté de la presse « qui aura toujours le dernier mot sur l’injustice et l’arbitraire », veut-il croire. Pour autant, L’Observateur Paalga se demande si le juge d’appel a finalement « tranché en son âme et conscience, eu égard à la vacuité du dossier, ou ce verdict est-il le fruit des pressions de toutes sortes, politiques et médiatiques notamment, exercées depuis l’embastillement de notre confrère ? ». Mais au fond, peu importe car « l’essentiel à présent est que le prévenu du tribunal militaire de Yaoundé soit de nouveau libre ».
RDC : escamotage judiciaire
Nouvelles répliques des révélations sur les meurtres de deux experts de l’ONU en RDC. En France, avec le quotidien Le Figaro qui, ce matin, affirme à son tour que des « agents liés » aux autorités de la République démocratique du Congo sont « impliqués dans les meurtres » de l'Américain Michael Sharp et de la Suédoise Zaida Catalan en mars 2017 dans le Kasaï-Central.
« Curieusement », énonce Le Figaro, ces « liens » n'ont pas été évoqués lors du procès des présumés tueurs, toujours en cours devant la justice congolaise, « alors même que les documents analysés proviennent du dossier d'instruction ». Tout aussi « étonnant », remarque encore ce journal, ils n'ont pas non plus été soulignés dans le rapport de l'ONU consacré à ces crimes, « bien que les rapporteurs ont eu accès au dossier », souligne ce confrère, qui ajoute : « le mystère entourant les assassinats ne fait que s'épaissir ».
Côte d’Ivoire 2020 : ADO laisse pas béton
En Côte d’Ivoire, des interrogations au sujet de récentes promotions par décret au niveau des grands commandements. « Ouattara bétonne son pouvoir », lance « en Une » Soir Info. Après avoir détaillé la série de promotions aux niveaux supérieurs de l’armée, la police et la gendarmerie ivoirienne, ce quotidien indépendant affirme que « des observateurs » prêtent au président Ouattara la « volonté de se succéder à la tête du pays en 2020 », en entretenant « le flou ». Le journal ajoute que « ces nominations, pour eux, seraient liées à ce projet » attribué par Soir Info à Alassane Ouattara pour « bétonner davantage son régime », énonce-t-il.
Ethiopie : ver dans le fruit
Détour enfin par l’Ethiopie, qui subit une nouvelle vague de violences depuis la fin de l’Etat d’urgence fin août. Détour effectué par le journal français Libération, qui le souligne, les heurts éclatent principalement dans une vraie zone interdite, le long de la « frontière » qui sépare les provinces Oromia et Somali. A l’origine, une fois encore, des conflits territoriaux, mais pas que, souligne Libé. A grands traits, ce quotidien dénonce des provocations délibérées pour permettre ensuite la prise de contrôle des zones ainsi visées. Ce qui revient à jouer avec le feu, « les plus hauts dirigeants du pays ont eux-mêmes dit et répété que l’Ethiopie serait menacée par un « scénario à la yougoslave » si la coalition dirigeante se disloquait » en Ethiopie, énonce Libération.