« C’est reparti pour un tour », s’exclame Libération en première page, avec cette photo d’une ruelle de Barcelone où fleurissent aux fenêtres des drapeaux catalans et espagnols.
« Placée sous tutelle depuis la déclaration d’indépendance par Carles Puidgemont, la région vote ce jeudi pour élire ses députés. Un scrutin très serré dans un paysage politique très morcelé. » Libération constate que la campagne a été très tendue… « L’argumentation rationnelle a disparu du discours public, désormais tissé d’insultes sonores. Les "espagnolistes" tiennent les indépendantistes pour de dangereux hors-la-loi qui ne méritent que la prison ; lesquels voient dans leurs adversaires des fascistes purs et simples. Tel le soleil sur le crâne de Don Quichotte, le nationalisme rend fou, soupir Libé : ainsi ces habitants de Catalogne qui vivaient pacifiquement ensemble depuis des décennies tiennent désormais un langage de guerre civile. La violence n’est pas loin et on redoute les conséquences du scrutin, quel qu’en soit le résultat. » En effet, pointe encore Libération, une « défaite des indépendantistes mettrait sans doute un coup d’arrêt à la crise mais ne désarmera en rien leur virulence ; leur victoire ouvrirait une nouvelle période d’affrontement avec Madrid. L’Union européenne regarde avec anxiété cette élection de la haine ; pour l’instant, elle soutient le gouvernement central au nom de la légalité. Mais si rien ne s’apaise, elle aura le devoir de s’interposer, estime Libé, sauf à courir le risque de voir l’un de ses membres s’enfoncer dans une bataille folle où tous perdront, à commencer par elle-même. »
Discussion possible ?
Le Figaro, pour sa part, se veut optimiste : « Il reste à espérer que ce recours aux urnes apaise les passions, estime le journal. Déjà, des dirigeants indépendantistes semblent renoncer à la voie "unilatérale". Il n’est que temps, alors que leur rhétorique reposait sur la fiction d’une oppression crypto-franquiste. Et sur leur prétention à parler au nom de tous les Catalans. Aujourd’hui, la discussion semble possible. Sous réserve que le gouvernement Rajoy, tout en restant ferme sur les principes, témoigne d’un peu plus de souplesse que ces dernières années. »
En tout cas, relève Ouest France, il faudra surveiller ce soir une « donnée essentielle : le score en voix de la coalition sortante, favorable à l’indépendance, qui plafonnait à 47,8 % il y a deux ans. Ce dernier chiffre sera essentiel. Car il donnera la mesure de la légitimité ou non du vote sécessionniste. Si la barre des 50 % devait être franchie, ces élections auraient valeur de référendum. Et il deviendrait très difficile pour Madrid de continuer à contrer les revendications catalanes. »
Un vol qui coûte cher à Edouard Philippe…
A la Une également, l’affaire de l’avion privé affrété par Edouard Philippe… Le Premier ministre se trouve empêtré dans une polémique sur le coût et les conditions de son voyage en Nouvelle-Calédonie début décembre : Edouard Philippe a pris un vol privé entre Tokyo et Paris alors même qu’un A340 de la République faisait le même trajet en parallèle et quasiment en même temps. Coût de ce voyage pour le chef du gouvernement et la délégation ministérielle d’une soixantaine de personnes : 350 000 euros…
Du coup, les commentaires fusent…
« Affréter en dernière minute à Tokyo un avion à 350 000 euros pour ramener une délégation de 60 personnes à Paris n’est bien sûr pas illégal, pointe La Charente libre, mais cela révèle à la fois un manque d’organisation et une légèreté avec les deniers publics. Surtout quand le prétexte est d’arriver à temps pour un conseil de défense qui avait déjà été décalé de deux jours. »
« Comme toujours, cette déplorable affaire de gros sous montre la gabegie de l’argent public en France, s’insurge Le Midi libre. Le mépris pour les petits contribuables. La question désormais est de savoir si l’intéressé et ses successeurs retiendront la leçon. On en doute. »
« Le personnel politique a trop souvent le goût et l’habitude des palais de notre "monarchie républicaine", déplore La République des Pyrénées. Eux qui ne ratent jamais une occasion pour prendre l’Allemagne ou les pays nordiques en exemple, devraient sur ces sujets s’en inspirer un peu plus ! »
D’autres journaux minimisent l’affaire. Ainsi, affirme L’Union, « divisée en nombre de jours de Smic, de rognures d’APL, de tranches de saucisson ou de tickets de métro, 350 000 euros, c’est énorme. En revanche, 350 000 euros, c’est toute juste 2,18 minutes d’augmentation de la dette de notre beau pays, ou encore 8 heures d’opération Sentinelle. »
Et puis Le Figaro déplore ce qu’il appelle « un désolant principe d’indignation » : « Le vrai problème, estime le journal, est la propension croissante à juger les dirigeants sur des symboles supposés d’exemplarité et non plus sur l’efficacité de leur action. Il est plus important de savoir si le voyage d’Édouard Philippe en Nouvelle-Calédonie a fait avancer ou non ce dossier délicat que de savoir s’il aurait pu prendre un autre vol. L’exemplarité est une obligation préalable ; mais pas une finalité. Et une dépense isolée ne peut être appréciée sans regarder un budget global. Au fond, le Premier ministre paie un intégrisme de la transparence dont l’effet pervers est de transformer l’électeur en procureur. »
Tueur en série ?
Enfin, « l’ombre d’un tueur en série » : c’est le grand titre du Parisien.
« Nordahl Lelandais, ravisseur et meurtrier présumé de la petite Maëlys, a été mis en examen hier pour l’assassinat du caporal Arthur Noyer, disparu en avril. » Dans les deux affaires, aucune preuve formelle mais des coïncidences troublantes. L’accusé nie farouchement. Toutefois, Le Parisien s’interroge : « L'ex-maître-chien de l’armée recèle-t-il d’autres secrets criminels ? Le passé de Nordahl Lelandais, 34 ans, et son parcours vont faire l’objet d’un examen attentif pour savoir s’il n’est pas un tueur en série présumé. » Plusieurs affaires non résolues en Savoie et en Haute-Savoie vont être passées au crible, notamment la tuerie de Chevaline, en 2012, où trois membres d’une famille britannique avaient été tués par balle.
« Pour l’instant, relève Le Journal de la Haute-Marne, l’intéressé est bien ferré sur les deux affaires du moment. Ses dénis qui consistent à faire passer les preuves à charge pour de simples coïncidences ulcèrent plus les proches des victimes qu’ils ne convainquent. Le doute se situe à un autre niveau : derrière le personnage mutique va-t-on découvrir un tueur en série, un monstre calme ? »