La France a beaucoup à perdre dans la réforme de la Politique agricole commune, elle en est la première bénéficiaire avec près de 9 milliards d’euros. Alors elle a pris l’initiative de cette conférence intitulée « Cap sur la PAC 2020 ». L’horizon est proche, mais le brouillard n’est toujours pas dissipé sur le contenu de cette future PAC, ni sur son financement.
Menace du Brexit
L’Europe a de nouveaux défis à relever en matière de défense et d’immigration... avec moins d’argent puisque le Royaume-Uni quitte l’Union. La Commission de Bruxelles a déjà prévenu : il faudra que les États membres participent davantage au budget européen, mais aussi qu’ils acceptent des économies.
La Politique agricole commune sera-t-elle sacrifiée ? Pas question, martèle le ministre français de l’Agriculture, Stéphane Travert : « Le Brexit pose cette question du financement de la politique agricole commune puisque le Royaume-Uni était un contributeur important de cette politique. Pour autant, ce que nous souhaitons, c’est que la Politique agricole commune ne soit pas une variable d’ajustement. Pour la France, c’est une politique très intégrée, avec un excellent retour pour les agriculteurs, et nous souhaitons maintenir ce niveau d’exigence. »
La ligne rouge des aides directes à l’hectare
Le Commissaire à l’agriculture Phil Hogan avait évoqué fin novembre un co-financement par les États des aides à l’hectare (1er pilier de la PAC), jusqu’à présent versées directement par l’Europe dans les cours de fermes. Cette « nationalisation » de la Politique agricole commune serait un poids pour les budgets des États membres et elle créerait des distorsions entre les pays. Inacceptable pour le ministre français.
« Nous souhaitons que les aides du "1er pilier" soient réservées à des aides directes de l’Europe. C’est un sujet sur lequel nous ne souhaitons pas qu’il soit même une hypothèse de travail. C’est la ligne rouge que nous ne souhaitons pas franchir et elle est très importante, annonce le ministre. Parce qu’il s’agit de politique agricole commune, ça veut dire que derrière, ce n’est pas une renationalisation de la PAC ou une nationalisation de la PAC à laquelle nous assistons, mais bel et bien à un travail collectif qui entraîne tous nos partenaires. »
L’Espagne, le Portugal, la Roumanie, l’Irlande, la Grèce soutiennent la France sur ce point. L’Allemagne s’est ralliée plus récemment.