L’Inde importe cette année de l’huile de coton, une première pour ce grand pays cotonnier. New Delhi a pourtant imposé le mois dernier de lourdes taxes sur les importations d’huiles étrangères de colza, de soja ou de tournesol, pour protéger les huileries indiennes. Mais les autorités indiennes ont bizarrement oublié l’huile de coton.
Les importateurs indiens se sont engouffrés dans la faille et ils ont déjà commandé 10 000 tonnes pour livraison en janvier, a constaté l’Association indienne des triturateurs de graines oléagineuses, très inquiète : 50 000 tonnes d’huile de coton, 4 % de la consommation du géant asiatique, pourraient entrer en Inde dans les mois qui viennent et concurrencer les huileries de coton du Gujarat, la région du coton en Inde.
Un coût de revient trop élevé en Afrique de l’Ouest
Ce n’est pas l’Afrique de l’Ouest qui profitera de ces importations inédites, elle n’est pas en mesure de répondre à la demande, même ponctuelle, de l’Inde. Il y a pourtant au-delà des centaines d’huileries artisanales de la ceinture cotonnière ouest-africaine, de véritables unités industrielles, au Burkina Faso et au Bénin. Et elles ont souvent des excédents. Le problème, souligne Alexandre Zanna, le directeur général de l’huilerie burkinabé SN-Citec (filiale d’Advens-Géocoton), ce n’est pas la quantité d’huile de coton que l’on peut produire - il y a de plus en plus de coton en Afrique -, le problème c’est le prix auquel on peut vendre cette huile pour ne pas perdre d’argent.
Le coût de revient de l’huile de coton en Afrique de l’Ouest est élevé, les huileries achètent la graine de coton à un prix incompressible aux sociétés cotonnières (80 FCFA minimum le kilo au Burkina Faso). L’huile de coton ouest-africaine a déjà du mal à lutter contre les importations d’huile de palme asiatique quand celles-ci rentrent frauduleusement sans droits de douane. Alors concurrencer sur le marché indien l’huile de coton des États-Unis ou du Brésil, qui ont une productivité autrement plus importante à l’hectare que les champs burkinabés, c’est pour le moment, estiment les triturateurs ouest-africains, mission impossible.