L’amitié entre la Chine et le Zimbabwe résistera-t-elle au départ de Mugabe?

Au Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, le nouvel homme fort du pays, est rentré hier à Harare, pour être investi à la présidence. L'un des premiers Etats à saluer son arrivée au pouvoir a été la Chine, le meilleur allié du Zimbabwe.

Le Zimbabwe est l'un des pays africains les plus sino-dépendants. La Chine est aujourd'hui le premier débouché de ses exportations et c'est à peu près le seul pays encore prêt à investir sur place. Du moins jusqu'en 2015. Cette année-là, Xi Jinping a fait une escale remarquée à Harare pendant sa tournée africaine. Dans la foulée, de nouveaux investissements de l'ordre de 4 milliards de dollars ont été annoncés.

On ne sait pas vraiment ce qui a été concrétisé. Les Chinois sont bien sûrs présents dans les mines, notamment de diamant, mais aussi dans l'agriculture, et enfin ils fournissent les biens manufacturés au Zimbabwe, des armes par exemple. Ce sont aussi de généreux pourvoyeurs d'aide au développement. Après Cuba, l'Ethiopie et la Côte d'Ivoire, le Zimbabwe est le quatrième pays bénéficiaire des fonds chinois.

La Chine a-t-elle joué un rôle dans le coup de force contre Robert Mugabe ?

Les Chinois démentent catégoriquement toutes les allégations leur attribuant un rôle quelconque. Officiellement, Pékin est toujours sur la ligne de la non ingérence dans les affaires intérieures de ses partenaires. C'est l'un des piliers de son expansion. Une attitude souvent très appréciée par les dirigeants africains, lassés des exigences de leurs partenaires occidentaux en matière d'Etat de droit. Mais cette neutralité apparait de plus en plus difficile à assumer sur un continent où la présence chinoise est de plus en plus importante.

En « lâchant » Mugabe, Pékin semble aussi avoir retenu la leçon libyenne ?

Après la chute de Kadhafi, qui avait octroyé des contrats pétroliers à des entreprises chinoises, des milliers de Chinois ont dû faire leur valise et les contrats ont été jetés à la poubelle. En ce qui concerne le Zimbabwe, la plupart des observateurs sont convaincus que les autorités chinoises étaient au moins averties des intentions du groupe Lacoste, c'est comme ça qu'a été baptisé le camp de Emmerson Mnangagwa surnommé le crocodile. Il aurait fait escale à Pékin après sa disgrâce début novembre.

Emmerson Mnangagwa est apprécié et connu à Pékin. Il a reçu en Chine un entrainement militaire pendant la guerre d'indépendance. Et puis, l'ancien vice-président a donné des preuves concrètes de sa sinophilie ; c'est lui qui a proposé d'introduire le yuan en Zimbabwe. Et enfin, c'est lui qui s'est autorisé des critiques à peine voilées de l'indigénisation dont ils ont aussi fait les frais en déclarant à la télévision chinoise qu'il cherchait à créer un environnement où les investisseurs étaient heureux de mettre leur argent parce qu'ils pouvaient être sûrs d'avoir un retour. L'amitié sonnante et trébuchante entre la Chine et le Zimbabwe devrait donc perdurer.

⇒ En bref,

Un carton rouge pour la Chine mise en cause par le très respecté marché londonien des métaux

Selon le Financial Times, le London Metal Exchange a lancé une enquête pour déterminer si le cobalt stocké et coté à Londres provenait de mines de la République démocratique du Congo, où travaillent des enfants. Des négociants se sont émus de l'absence de traçabilité du minerai proposé par une société chinoise. Le marché des métaux prend cette affaire très au sérieux, car il y va de la réputation de cette vénérable maison, garante des métaux échangés.

Un signe d'ouverture du royaume saoudien

L’Arabie saoudite délivrera des visas touristiques dès l'an prochain, ils étaient jusqu'à maintenant réservés aux seuls pélerins de La Mecque.

Partager :