Afrique du Sud: lutter contre le vol de cuivre pour éviter les délestages

A Johannesburg, les coupures d’électricités sont courantes. Il n’est pas rare de voir des feux de circulation en panne, ou de se retrouver sans électricité chez soi. La faute aux vols de plus en plus fréquents des 17 000 kilomètres de câbles d’électricité souterrains de la ville. La raison principale, le cuivre, dont le cours s’est envolé ces dernières années. Une panne spectaculaire a paralysé le centre-ville de Johannesburg début septembre, après le vol de 32 km de câbles en une nuit.

En Afrique du Sud, dans une des nombreuses galeries du centre-ville de Johannesburg, Bohitumelo tient sa blanchisserie depuis plus de vingt ans. Jamais elle n’avait connu deux semaines de coupures d’électricité.

« Personne n’a pu travailler pendant deux semaines car il n’y avait pas d’électricité. Il faisait tout noir. On devait venir tous les matins voir si le courant avait été rétabli. Nous avons perdu beaucoup d’argent. J’ai dû aller emprunter à la banque pour pouvoir payer le loyer, car il était impossible de travailler. »

En septembre, elle a perdu la moitié de son salaire : 4000 rands soit 240 euros. Certains magasins ont pu acheter un générateur pour pallier le manque d’électricité. Une solution trop chère pour la plupart des petits commerces, comme le magasin de chaussures d’Amanda, qui est quand même resté ouvert.

« Tout était éteint. Rien ne fonctionnait. Il faisait noir à l’intérieur du magasin. Les clients avaient peur. Nous aussi on avait peur lorsqu’il fallait monter à l’étage avec les clients. »

La coupure d’électricité de septembre dernier est inédite. 60% du centre-ville a été plongé dans le noir pendant 10 jours, même 15 jours pour certains pâtés de maisons.

La faute aux vols de câbles de cuivre souterrains, une vraie gangrène à Johannesburg. Sol Masolo est manager général de la compagnie d’électricité CityPower.
« Les vols deviennent un gros problème à cause du prix du cuivre. Nous avons remarqué qu’à chaque fois que le prix du cuivre augmente, ou à chaque fois que le chômage augmente, il y a une augmentation du nombre de vols. »

Sur le parking de la compagnie d’électricité, un camion se gare. Sa remorque est pleine de câbles de cuivre, retrouvés chez un particulier. La ville a décidé d’employer les grands moyens pour traquer les voleurs.

« Nous avons mis en place de nouvelles technologies. Nous avons installé des caméras de surveillance, nous avons changé certains câbles en cuivre par de l’aluminium, nous avons engagé de nouvelles compagnies de surveillance, ou encore nous avons mis une couche de béton au-dessus des câbles pour qu’ils soient plus difficiles à voler. »

Une unité d’investigation spéciale a aussi été créée. Résultats : 22 arrestations cette année. Et des moyens décuplés, comme une patrouille aérienne toutes les nuits pour surveiller les entrées des tunnels.

Une lutte qui a un coût : 5% du budget de la compagnie, soit environ 4,5 millions d’euros.

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