Le baril vaut à nouveau plus de 60 dollars. Un seuil psychologique a été franchi sur les marchés pétroliers, et il s'est confirmé deux séances d'affilée, contrairement aux épisodes de hausse précédents. On est en train de passer d'un marché pétrolier excédentaire à un marché qui se tend. La courbe des prix ne dit pas autre chose, elle vient de s'inverser : jusqu'à présent le pétrole disponible immédiatement valait moins cher que celui qui était livré plus tard, ce qui encourageait à stocker.
Désormais, le pétrole disponible de suite est le mieux valorisé, ce qui va dégonfler les stocks, l'objectif précisément de l'OPEP et de ses alliés hors-OPEP.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et la Russie sont en train de gagner leur pari. Les déclarations officielles de ces pays ont d'ailleurs alimenté la hausse des prix actuelle tout au long des dernières semaines, jusqu'à l'engagement réitéré la semaine dernière du prince héritier saoudien sur la poursuite de l'effort de réduction de l'offre pétrolière OPEP-non-OPEP au-delà du printemps prochain, probablement neuf mois supplémentaires. Le mystère est levé sur la teneur du prochain sommet de l'organisation à Vienne, dans un mois.
Les marchés pétroliers sont rassurés, ils rachètent du pétrole. Y compris les fonds d'investissement spéculatifs, qui sont massivement de retour. Ils observent le contexte de reprise mondiale, et la hausse de consommation de pétrole plus rapide que l'augmentation de l'offre de brut. Car les Etats-Unis ralentissent depuis peu le rythme des nouveaux forages, les compagnies obéissant aux exigences de dividendes de leurs actionnaires.
Les perturbations des exportations au nord de l'Irak ont également joué un rôle dans l'accélération de la hausse des prix du pétrole, sans les faire retomber lorsque Bagdad a accru ses capacités d'exporter par le sud.
Un signe de plus que le retournement profond du marché pétrolier est davantage à l'œuvre que la géopolitique dans le regain des cours.