de notre correspondant à Bruxelles,
La situation en Catalogne provoquait déjà des remous en Flandre avant le référendum d'indépendance. Le président du Parlement régional et communautaire flamand, Jan Peumans, s’est par exemple exclamé avec emphase le 27 septembre : « Avui som tots Catalans ! Aujourd'hui, nous sommes tous des Catalans »,
Il s'agissait de la première manifestation officielle du soutien et de la solidarité des séparatistes flamands envers la Catalogne. Membre du parti séparatiste N-VA Nieuw-Vlaamse Alliantie (« Alliance néo-flamande »), le ministre-président de la région et communauté flamande, Geert Bourgeois, s’est depuis déclaré « jaloux des Catalans ».
Les Flamands ont d’ailleurs multiplié les dénonciations de la violence policière et les références à des méthodes dignes de l’époque du général Franco. Un politologue a même envisagé la possibilité que la Flandre accueille un gouvernement catalan en exil.
Catalogne et la Flandre ont des points communs qui peuvent expliquer cette solidarité. Le passé de ces deux régions a fait naître un sentiment d’oppression de la part du pouvoir central. Elles sont aussi l’une et l’autre les régions les plus riches et dynamiques de leur pays.
Elles ont enfin la particularité en commun d’être à cheval sur des frontières. Si la Catalogne s’étend aussi en France dans le Roussillon, la Flandre se trouve elle sur trois pays différents, la Belgique pour la plus grande partie mais aussi les Flandres françaises et la Flandre zélandaise aux Pays-Bas. Il existe cependant une différence de taille : la Flandre belge est la partie la plus peuplée du pays, où les néerlandophones représentent 57% de la population.
Modèle belge
La Flandre croit que l’attention portée en Europe à la fièvre indépendantiste catalane crée une atmosphère opportune. Ils sont en tout cas nombreux à le croire dans les rangs des séparatistes flamands et les plus ardents d’entre eux se prennent à imaginer des alliances électorales nouvelles.
Les élections communales et provinciales ont lieu l’an prochain et les élections fédérales en 2019. À cette occasion, certains se prennent à rêver à une rupture du cordon sanitaire qui isole le Vlaams Belang (« Intérêt flamand »), classé à l’extrême-droite et jusqu’ici exclu de tous les gouvernements régionaux ou fédéraux.
Sauf que le mouvement séparatiste majoritaire, la N-VA, est le principal parti de la coalition gouvernementale fédérale. Cette situation coupe les ailes des indépendantistes au sein de ce parti.
Les ministres fédéraux de l’Alliance néo-flamande se sont d’ailleurs gardés de déclarations trop outrancières. Paradoxalement, leur chef de gouvernement, le libéral francophone Charles Michel, est allé le plus loin en condamnant la répression policière espagnole. Le Premier ministre s’est attiré l’ire de Madrid mais cette tactique lui a permis de donner des gages à la N-VA et de désamorcer des dissensions gouvernementales éventuelles.
L’idée que la question flamande a été gérée de façon exemplaire commence à surgir en Belgique. Certains vont jusqu’à affirmer qu’il existe un modèle belge pour les pays qui connaissent des mouvements séparatistes. D’autres rétorquent que la fédéralisation du pays a créé une usine à gaz politique, un millefeuille institutionnel.