A la Une: la bataille du glyphosate

Pour ou contre l’utilisation de ce désherbant ?

« La bataille se joue depuis des mois, relate Le Figaro, dans des bureaux, des salles de réunion, des cafés et des restaurants du quartier européen de Bruxelles. Une bataille feutrée et pourtant sans merci. Son enjeu : le renouvellement ou l’interdiction programmée dans l’Union européenne du glyphosate, l’herbicide le plus vendu au monde. Les ventes du Roundup, dont il constitue la substance active, représentent entre 4 et 5 milliards d’euros par an pour la firme américaine Monsanto. Scientifiques, lobbyistes, élus, organisations non gouvernementales se déchirent sur la dangerosité de la molécule. Aujourd’hui, mercredi, l’épilogue semble pourtant proche, pointe Le Figaro. Après maintes tergiversations et reculades, les représentants des pays européens se réunissent ce (mercredi) matin. La Commission européenne espère qu’ils se prononceront sur un renouvellement du glyphosate limité à cinq ou sept ans. »

Alternatives

Pour Libération, la question essentielle est « peut-on s’en passer ? » Oui, répond le journal. « Cultiver sans pesticides, c’est possible, contrairement à ce que disent les industriels, désireux de préserver leur très juteux marché. » L’alternative « est d’observer la nature et de travailler avec elle plutôt que contre elle. Plutôt que de considérer le sol comme un support inerte inondable à l’envi d’engrais et de désherbants pétrochimiques, il faut utiliser sa 'valeur agronomique', ses insectes, ses bactéries, ses vers de terre. Eviter la monoculture, favoriser les rotations. Ce qui demande technicité, connaissances, réflexion, patience et précision. »

Et Libération de préciser : « tout commence par la prévention - il existe moult façons d’éviter la pousse des mauvaises herbes. Pour éviter que celles qui germent quand même n’envahissent les cultures, il faut savoir observer, anticiper pour intervenir au bon moment. Ensuite seulement viennent les techniques mécaniques voire thermiques (usage des flammes, de vapeur, d’eau chaude…) ou même innovantes (radiations infrarouges, lasers, robots intelligents…) pour les éradiquer. Autre solution : utiliser la lutte biologique (insectes, nématodes, bactéries). Et en tout dernier recours arrivent les herbicides naturels (acide citrique, huile de girofle). »

Commentaire de Libération : « c’est la voie de la sagesse autant que de la modernité. Symbolique, concret, positif, le remplacement du glyphosate par une panoplie de techniques et de savoir-faire nouveaux placera l’Europe en tête de la nouvelle révolution agricole. Ses représentants assemblés doivent maintenant passer à l’acte, en décidant, dans un délai raisonnable mais court, de donner la priorité à la santé à long terme sur le calcul économique à court terme. »

Le Courrier Picard est sur la même ligne : « il ne s’agit plus de s’interroger sur l’interdiction du glyphosate, mais d’accompagner les agriculteurs dans cette nécessaire transition, plébiscitée par les consommateurs qui retrouvent l’appétit pour des produits plus sains. L’interdiction du glyphosate est inéluctable, parce qu’il n’est plus dans l’air du temps. Ce n’est plus qu’une question de temps. »

Travail détaché : la bonne voie

A la Une également, le compromis européen sur le travail détaché… La presse applaudit ce matin.

« A l’origine, explique le Monde, le détachement autorisait un salarié d’un des Etats membres à travailler de façon temporaire dans un autre pays de l’UE, tout en continuant à relever du contrat de travail et de la couverture sociale de son pays d’origine. Si la directive garantit le paiement du salaire légal local, elle n’imposait ni durée maximum ni paiement des primes éventuellement prévues dans les accords collectifs. L’élargissement de l’UE en 2004 aux pays de l’Est, aux salaires plus bas, a contribué à dénaturer l’objectif initial du dispositif, qui visait à simplement faciliter la circulation des travailleurs. »

Or, « pendant la présidentielle, poursuit Le Monde, Emmanuel Macron avait fait de cette réforme un enjeu politique décisif pour démontrer que l’Europe, accusée par les extrêmes de favoriser le dumping social, pouvait aussi être capable de protéger. »

On est donc sur la bonne voie, estime le quotidien du soir. « Quelles que soient les insuffisances du compromis trouvé, Emmanuel Macron passe avec succès sa première épreuve du feu européenne. »

Analyse similaire pour La Croix : « l’accord acquis hier est important car il peut marquer une inversion de tendance. Depuis deux décennies, on a pu avoir le sentiment qu’en Europe l’idée de protection sociale était immanquablement en recul face aux enjeux de compétition économique. Priorité systématique était donnée au libre jeu de la concurrence comme source de prospérité. Lundi, à Bruxelles, les ministres du Travail ont fait prévaloir un souci de cohésion sociale. Continuer dans cette voie demandera une persévérance de chaque instant. Mais la démonstration est faite que c’est possible. »

Résistances chez LR

La politique en France : les Républicains ont bien du mal à faire le ménage…

« Les Républicains échouent encore à exclure les Constructifs », soupire Le Figaro. « Faute d’un quorum nécessaire, le départ des 'Macron-compatibles' n’est pas juridiquement entériné. » En effet, précise le quotidien de droite, « il n’y avait pas assez de présents au bureau politique pour que les décisions d’exclusion soient valides. Un nouveau bureau est donc convoqué mardi prochain. Mais on se demande bien pourquoi les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets. Le faible nombre de présents ce mardi soir n’était pas le fruit de l’étourderie ou de la négligence de quelques-uns mais du boycott délibéré de ceux qui s’opposaient à cette procédure disciplinaire, à commencer par Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Dominique Bussereau et d’autres. Dès lors, relève Le Figaro, on voit d’avance le scénario de cette nouvelle semaine : un bras de fer non plus sur la décision du BP - en principe elle est prise - mais sur sa légitimité. »

« En réalité, conclut Le Midi Libre, cette sanction d’exclusion annoncée préfigure la future ligne du parti. Barre à droite toute ! Car cette 'clarification' sent la patte de Laurent Wauquiez à plein nez. Avant même sa prise de pouvoir officielle en décembre, le futur homme fort de LR fait le ménage. » Ou du moins, tente de le faire…

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