A la Une: le pays oublié

« Centrafrique : le pays que tout le monde a oublié » : c’est le grand titre de Libération qui nous propose un dossier d’ouverture de 4 pages sur ce pays martyrisé et dont bien peu de médias occidentaux se font l’écho.

« Tout en bas, constate Libération. Dans le dernier classement du Programme des Nations unies pour le développement, la Centrafrique est à la 188e place sur 188. Dernier pays de la planète pour l’indice de développement humain. Etat fantôme dont l’autorité ne dépasse guère la capitale, Bangui. Partout ailleurs, les groupes armés font la loi : depuis cet été, le niveau de violences intercommunautaires rappelle les pires heures de la crise centrafricaine, entre 2013 et 2014. »

Certes, pointe Libération, « la Séléka a été chassée de Bangui, les Casques bleus (12.500 aujourd’hui) ont construit des bases aux quatre coins du pays, un président, Faustin-Archange Touadéra, a été élu en février 2016, et l’opération française Sangaris a pris officiellement fin le 31 octobre 2016. Sauf que les violences n’ont jamais cessé. La Séléka s’est fragmentée en plusieurs groupes armés qui s’affrontent désormais pour le contrôle des ressources. Car, ironie suprême, soupire encore le journal, le sous-sol du pays le moins développé du monde regorge d’or et de diamants. La religion, ou l’ethnie, ne sont souvent que des prétextes pour enflammer la population et justifier des attaques contre un quartier ou un village. Mais à force de tirer sur la corde communautaire, certaines régions ont basculé dans une spirale sanglante de vengeances et de massacres que plus personne ne semble en mesure de pouvoir arrêter. »

Exemple dans la ville de Bria, où l’envoyé spécial du journal a pu se rendre : « combats et pillages ont eu raison de l’ex-capitale du diamant. La ville est polarisée en quatre quartiers, exacts reflets des tensions entre les forces antigouvernementales. Défilant en armes au milieu des civils, les factions se toisent. (…) A l’ombre des immenses manguiers, la mairie, la gendarmerie ou le centre des impôts sont désormais des coquilles vides criblées de balles, constate encore l’envoyé spécial de Libération. Dans les bâtiments officiels, pas un meuble, pas un document n’a résisté aux combats et aux pillages. (…) Derrière les étals de viande sanguinolente et les petits vendeurs de fagots assis le long de l’avenue principale, on distingue encore les façades des bureaux d’achats de pierres précieuses. Tous sont fermés. Les mines artisanales de la région font l’objet d’une lutte acharnée entre les mouvements rebelles, perturbant les circuits traditionnels d’écoulement des diamants de 'Bria-la-scintillante'. La ville est un modèle réduit de la crise centrafricaine. Sa géographie elle-même est à l’image du pays : morcelée, recomposée, découpée par les groupes armés et traversée de sinistres no man’s land. »

L’extrême-droite fait son entrée au Parlement allemand

A la Une également : « Angela Merkel face au choc de l'extrême droite », c’est le grand titre du Figaro.

« Une nouvelle ère commence en Allemagne, constate le journal. Un mois après les élections fédérales du 24 septembre, les 709 députés élus du Bundestag se réuniront pour la première fois mardi à Berlin, conformément aux institutions. Directement installés face à elle et aux bancs du gouvernement dans l’Hémicycle, Angela Merkel pourra observer et surveiller les 92 députés de l’Alternative für Deutschland. Pour la première fois depuis la guerre, un parti siégera à l’extrême droite sous la coupole du Reichstag. »

Commentaire du Figaro : « certes, l'AfD n'est pas un parti néonazi. Mais elle traîne dans son sillage de mauvais relents… Les Allemands voient débarquer au Bundestag des élus d’un parti dont le chef se dit fier de l’action de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale et dont certains membres relativisent la Shoah. La chancelière porte sa part de responsabilité, pointe Le Figaro. Sa politique migratoire mais aussi son recentrage incessant de la CDU ont ouvert une brèche à droite. En modernisant son parti, pour conquérir un électorat nouveau, elle a aussi délaissé une partie de la base conservatrice. Et elle a rompu avec la règle que s’étaient fixée Adenauer et Kohl : rien à la droite de la CDU. Une question obsède désormais les partis 'traditionnels' du Bundestag, relève encore Le Figaro. Quelle attitude adopter vis-à-vis de l’AfD, alors que son programme se résume à +faire la chasse+ à la chancelière ? (…) Angela Merkel devra trouver un savant dosage dans sa coalition avec les Verts et les libéraux, en leur laissant de l'espace au centre pour que la CDU redevienne le grand parti de la droite allemande. »

Régionalismes européens : la solidarité en question

Enfin, beaucoup de commentaires encore sur la question catalane et plus largement sur les aspirations de certaines régions européennes à plus d’autonomie…

On assiste à des poussées régionalistes sur le Vieux continent… Outre la Catalogne, il y a la Vénétie et la Lombardie en Italie qui se sont largement prononcés dimanche pour une autonomie élargie. Ce besoin d’autonomie s’appuie sur certains des ressorts ayant conduit au Brexit ou à la crise catalane, à savoir une certaine défiance vis-à-vis des États centraux et de l’Union européenne. C’est ce que constate notamment L’Union : « le réveil des régionalismes et des localismes identitaires ébranle les États et suscite des inquiétudes légitimes, tant les fractures territoriales et les séparatismes politiques menacent les grands équilibres continentaux. »

Et puis il y a aussi et surtout les disparités budgétaires : « selon les estimations, relève Libération, les contribuables de Vénétie et Lombardie versent environ 70 milliards d’euros de plus par an, en taxes et impôts, qu’ils n’en reçoivent au titre des dépenses publiques. Dimanche, ces électeurs ont fait comprendre qu’ils voulaient récupérer une partie de cet argent. »

Certes, pointe La Croix, « les coopérations équilibrées sont très difficiles à installer. Elles imposent à tous des compromis, souvent frustrants. Ceux qui les promeuvent doivent donc faire preuve de doigté. En Catalogne et depuis longtemps, Mariano Rajoy en a manqué. La gouvernance de Rome ou celle de Bruxelles peuvent évidemment être critiquées pour avoir laissé, par incurie, se développer des forces centrifuges. Mais, s’interroge le quotidien catholique, dans un monde ouvert où l’interdépendance est la règle, qui peut encore imaginer qu’il trouvera, seul, les bonnes réponses ? Et prétendre qu’il pourra mieux s’en sortir sans d’élémentaires solidarités ? »

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