De notre correspondante à Londres
Quand le maire de Londres, Sadiq Khan, a présenté cette nouvelle taxe, il n’y est pas allé par quatre chemins, rappelant que chaque année, plus de 9 000 Londoniens meurent prématurément à cause de la mauvaise qualité de l’air. Vendredi 20 octobre, une nouvelle étude, extrêmement alarmiste, publiée par la revue britannique The Lancet est venue appuyer la démarche du maire de la capitale. Au Royaume-Uni, 50 000 décès par an sont liés à la pollution. Ce taux, toute proportion gardée, est plus élevé que l’Allemagne, la France, l’Espagne ou encore les USA.
Pour Sadiq Khan, lui-même asthmatique, « l’inaction n’est plus une option ». Dorénavant les conducteurs des véhicules les plus polluants, c’est-à-dire quelque 10 000 véhicules, devront payer cette taxe d’un peu plus de 11 euros, baptisée « T-Charge » à chaque rentrée dans la capitale. La taxe de toxicité s’ajoute aux 13,50 euros de la « Congestion Charge », le péage urbain que doivent déjà payer les automobilistes circulant dans le centre de Londres entre 7 h et 18 h du lundi au vendredi.
Une question de santé publique pour le maire
La grogne monte des chefs de petites et moyennes entreprises. Leur fédération explique que cette taxe est imposée à de petites sociétés commerciales déjà confrontées aux coûts exorbitants des loyers, de la logistique et des salaires à Londres. Ils disent craindre que la T-Charge soit le coup de grâce qui les oblige à fermer boutique.
D’autres détracteurs s’interrogent sur l’efficacité de cette mesure qui, d’après une étude du réseau de transport de Londres, n’affecterait que 7 % des véhicules entrant dans le centre alors que le péage urbain, qui existe depuis 2003, présente un bilan loin d’être positif.
Malgré tout, ce mécontentement reste largement compensé par l’opinion de la majorité des Londoniens puisque, d’après un récent sondage, les trois quarts soutiennent l’initiative du maire.
La première mesure d’une longue série
Dans les prochains mois, le maire veut aussi abandonner l’achat de bus roulant au diesel au profit de bus hybrides et électriques et aussi élargir la zone à émission de pollution restreinte qui existe actuellement autour de Londres.
La nouvelle taxe rentrant en vigueur le lundi 23 octobre n’est en fait que temporaire. Elle sera appliquée jusqu’à ce que cette zone soit étendue aux périphériques nord et sud autour de la capitale entre 2019 et 2020. Sadiq Khan tente donc de devancer les mesures gouvernementales jugées trop lentes et timorées. Le ministre de l’Environnement, Michael Gove est très critiqué pour avoir, par le passé, voté systématiquement, contre toutes les mesures destinées à freiner le changement climatique.
Encore récemment, le ministre a été épinglé pour avoir claironné l’interdiction de tous les véhicules roulant au diesel et à l’essence, mais pas avant 2040 et en n’incluant pas les voitures hybrides. De plus, on lui reproche d’avoir adopté une stratégie de lutte contre la pollution de l’air très décevante qui ne se donne pas les moyens de résoudre les graves problèmes auxquels est confronté le pays.