« L’oléoduc de l’Amitié » est le nerf de la guerre dans la crise nord-coréenne. Opérationnel depuis 1975, ce conduit a une capacité d’acheminer chaque année 520 000 tonnes de pétrole, selon China National Petroleum, le géant énergétique chinois. Mais combien de brut passe réellement par cet oléoduc ? La Chine est plus que discrète là-dessus.
Si l’on en croit les experts, 90 % de l’or noir acheté par Pyongyang arriverait en effet via ce tuyau dans l’unique raffinerie du pays – l’usine chimique de Ponghwa. De là, il alimente directement l’armée qui utilise un tiers de tout le pétrole importé, selon un rapport de l’Institut Nautilus. Ce cabinet américain estime qu’interdire ces importations serait désastreux pour les Nord-Coréens, mais inefficace pour freiner la course folle du régime vers l’arme nucléaire, au moins à court terme.
Conséquences sur les civils
Car dans ce cas, Pyongyang appliquera sa stratégie « Songun » ou « l’armée d’abord » : les quantités allouées aux civils seraient immédiatement réduites alors que l’armée continuera à en profiter. Les troupes auraient aujourd’hui assez de réserves pour tenir un an avec une consommation classique et pourraient se battre un mois durant avant de manquer de pétrole.
Outre les arguments politiques qui expliquent la réticence chinoise à stopper le flux du pétrole, il y a aussi un facteur technique qui entre en jeu : l’« oléoduc de l’Amitié » vieux de 40 ans risquerait de s’encrasser et il serait quasiment impossible de le réparer.