Las Vegas, Barcelone : le faux plutôt que l’info

Cette semaine dans la Chronique des médias, il est question de la difficulté des réseaux sociaux à éradiquer les fausses informations, les fake news, qui se propagent à l’occasion du massacre de Las Vegas comme des manifestations en Catalogne.

Une fois de plus, jeudi, Facebook a promis qu’il allait faire un effort. Le réseau a annoncé qu’il allait lutter contre la désinformation à travers un nouvel onglet qui permettrait de savoir si un article a une source douteuse en le renvoyant vers la fiche Wikipedia du site dont il provient. Louable intention certes. Sauf que cela ne changera absolument rien à la recrudescence et à la propagation d’infos bidons qui caractérisent aujourd’hui les réseaux sociaux. On l’a vu à l’occasion de la fusillade de Las Vegas. À côté des trending topics, les sujets tendances, ou l’outil Safety Check, qui permet de se dire en sécurité dans une région touchée par un attentat, des articles étaient automatiquement proposés, partagés : ils provenaient de sites d’extrême droite et prétendaient que le tueur était un militant anti-Trump.

Sur Twitter, d’autres fausses identités circulaient, faisant de cet assassin de masse, même après son identification, tantôt un communiste, tantôt un jihadiste tantôt un militant d’extrême droite. Ce que l’on sait pour l’heure, c’est que Stephen Paddock était un comptable retraité adepte des casinos, qu’il s’est suicidé après avoir longuement mitraillé une foule et que son acte a été revendiqué de façon opportuniste par Daech, avec une rapidité suspecte.

Automatisation en temps réel en faveur de la désinformation

Google n’a pas été meilleur. Là encore, ce sont des textes et des vidéos conspirationnistes qui ont été automatiquement mis en avant. Le géant s’est excusé, a promis de mieux prendre en compte la fiabilité des sites. Et on attend la prochaine vague de fake news pour voir que rien ne progresse vraiment malgré les accords avec des médias sur la vérification des faits, le fact checking. Et cela, pour une raison simple, les réseaux sociaux ont instauré un nouvel ordre : celui de l’automatisation en temps réel qui favorise la circulation circulaire de la désinformation, comme aurait pu dire Bourdieu.

En Catalogne, le week-end dernier, une vidéo circule montrant une manifestante dont la police aurait brisé les doigts. Un jour plus tard, on apprend qu’il n’y a pas eu fracture, mais luxation, et que la main que tenait le policier n’était pas celle-là. Ou encore, on partage sur la foi d’une indiscrétion erronée d’un journaliste de Die Welt la pseudo info selon laquelle Merkel aurait appelé Rajoy quand on a dénombré 400 blessés à Barcelone. Faux, mais trop tard pour le dire. La viralité l’a emporté sur la véracité des faits. Tant que les plateformes refuseront de brider leur algorithme en temps réel en soumettant des sujets tendancieux à vérifications, les fake news prospèreront.

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