Décision de l’administration Trump : « le Tchad ajouté à la liste noire des USA », s’exclame Koaci.com . « Le Tchad a donc fait son apparition sur la liste des pays concernés par le nouveau décret migratoire américain, pointe le site panafricain. Ainsi, les ressortissants en provenance de l’Iran, de la Libye, de la Syrie, de la Somalie, du Yémen, du Venezuela, de la Corée du Nord et du Tchad ne pourront pas fouler le sol américain, décision effective à partir du 18 octobre. Washington accuse ces pays de manquements à la sécurité sur leurs voyageurs et d’un manque de coopération. »
La réaction de N’Djamena ne s’est pas fait attendre : « le Tchad a appris avec étonnement, rapporte le site d’information Alwihda, la décision du gouvernement américain d’inscrire le Tchad sur la liste des pays dont les ressortissants sont interdits d’entrée sur le territoire américain (…). Le gouvernement tchadien exprime son incompréhension face aux motifs officiels sous-tendant cette décision ; motifs qui contrastent avec les efforts et les engagements constants du Tchad dans la lutte contre le terrorisme au niveau régional et mondial. »
Et pourtant…
Commentaire de Wakat Sera : c’est « une douche froide pour les Tchadiens. » Une « nouvelle renversante pour Idriss Deby, présenté sur le continent comme le champion de la guerre contre les terroristes de Boko Haram et les jihadistes qui écument le Sahel. La réputation des intrépides 'Deby Boys' avait même fini par convaincre la France, rappelle le site, de faire du Tchad le porte-flambeau de la traque aux jihadistes dans le Sahel, au point d’y installer le QG de la Force Barkhane. »
Toutefois, poursuit Wakat Séra, apparemment, « Idriss Deby ne montre pas suffisamment patte blanche dans la lutte contre le terrorisme, car ne fournissant pas des informations irréprochables sur ses citoyens candidats au séjour américain. Et malgré ses cris d’orfraie, N'Djamena n’est pas parvenu à faire fléchir Trump dont les services de renseignement ne sont pas nés de la dernière pluie. »
Aujourd’hui, à Ouaga, s’étonne également… « Les warriors tchadiens ont fait leurs preuves au Mali, au Niger et le QG de Barkhane est au Tchad. Ce n’est pas rien. Mais avec Donald Trump, ça compte pour du beurre. De quoi être étonné et être surpris. Pour un pays qui fait figure de gendarme qui écume l’Afrique contre le terrorisme, qui ne cache pas sa volonté de détruire à jamais le monstre aux multiples têtes, l’accuser d’être non fiable relève de l’ordre de l’aberration. (…) Cependant, on ne peut s’empêcher de se poser certaines questions, poursuit Aujourd’hui. N’est-ce pas l’attitude du président tchadien à la dernière Assemblée générale de l’ONU qui a offusqué le président américain ? On se rappelle en effet qu’Idriss Deby avait 'boycotté' en douceur la réunion, estimant que certains pays, dont principalement, les Etats-Unis d’Amérique, n’accordaient pas suffisamment d’attention au financement de la force du G5-Sahel. S’il s’avère que c’est parce que Deby a protesté contre la non-implication des Américains dans une initiative contre le terrorisme que le Tchad a été exclu, alors il faudrait beaucoup se poser des questions sur l’avenir. »
Discrimination !
Pour d’autres journaux, il s’agit tout simplement d’une politique discriminatoire.
« On ne le dira jamais assez, soupire Le Pays, au Burkina, l’hostilité de Trump vis-à-vis de l’immigration sur fond de confusion volontaire avec le terrorisme, met certains pays africains à tort sur le banc des accusés. De façon générale, ces nouvelles mesures anti-immigration de l’administration Trump, risquent de mettre fin au rêve de nombreux jeunes Africains qui voyaient en l’Amérique un eldorado. Même aux familles africaines déjà installées sur le territoire américain, ces mesures risquent de donner le tournis avec les dispositifs d’expulsion en vue et l’hostilité grandissante des milieux blancs. »
« Pour tout dire, conclut pour sa part L’Observateur Paalga, on ne sait pas à quelle logique répond cette politique discriminatoire dont les effets sur la sécurité des Américains restent à prouver. Trump est un président irrationnel, on le savait. Et si on doit encore souper de ce monsieur pendant trois longues années, on risque de se réveiller un jour en s’apercevant qu’il a appuyé, dans un accès de colère, sur le bouton nucléaire. »