Le grand écart entre ces trois-là est tel que le chef économiste du très respecté institut IFO, Institut allemand de recherche économique basé à Munich, parle déjà ce matin de l'organisation d'un nouveau scrutin pour redistribuer les cartes. La première pierre d'achoppement concerne le portefeuille le plus important d'un gouvernement allemand, celui des finances. On l'a vu tout au long de la crise de la zone euro, c'est son actuel occupant, l'intraitable Wolfgang Schaüble, qui fixe la direction et la ligne jaune de la politique allemande dans l'Union monétaire. Les libéraux veulent absolument le récupérer pour faire une politique encore plus inflexible que celle de l'actuel gardien de l'orthodoxie budgétaire allemande.
Ces libéraux ont doublé leur score électoral en tenant un discours clairement anti-européen
Pendant la campagne le chef du FDP, Christian Lindner, a rejeté par avance toutes les propositions françaises de réforme et d’approfondissement de la zone euro. Pas question de doter l’Union monétaire d'un ministre commun, ou encore pire d'un budget commun. Ces ultra-libéraux veulent même que la Grèce sorte de la zone euro. Le Grexit, qui rime avec Brexit, aura été un slogan attrape-voix pour capter le vote de tous ceux qui ne veulent plus que Berlin soit le payeur en dernier secours des dettes des autres.
Les Verts sont aux antipodes. Ils considèrent qu'il est temps de faire une pause dans les restrictions budgétaires. La politique fiscale est un autre sujet qui divise profondément les Verts et les Jaunes : les libéraux veulent une baisse massive et généralisée des impôts alors que les écolos veulent réduire la pression fiscale sur les seuls bas salaires.
La protection du climat est une autre ligne de fracture importante entre ces trois partis.
Une fracture béante qui oppose les chrétiens-démocrates et les libéraux aux Verts, un parti qui a fondé sa légitimité sur la défense de l'écologie. Les Verts prônent donc la fin de la voiture à essence d'ici 2030 et la fermeture des centrales à charbon. Deux chiffons rouges pour leurs éventuels partenaires beaucoup plus pragmatiques, c'est-à-dire proches des attentes des milieux industriels sur ces deux questions essentielles de la politique énergétique allemande.