Fini l’état de grâce pour Emmanuel Macron. La cote de popularité du président a dégringolé avant même qu’il ne lance ses réformes. Et elles sont nombreuses et épineuses… « A commencer par celle du Code du travail, pointe Le Monde, dont les ordonnances de modification seront présentées jeudi. Un premier rendez-vous de taille pour l’exécutif, qui ne sait pas encore si d’autres syndicats vont rejoindre la CGT dans la rue, le 12 septembre, pour sa journée de mobilisation. L’agenda des difficultés pour le couple Emmanuel Macron-Edouard Philippe va continuer à se remplir jusqu’à la fin de l’année, relève encore le quotidien du soir, avec l’élaboration du budget 2018, censé dégager 20 milliards d’euros d’économies. Sans oublier la rentrée universitaire et ses tensions provoquées par le manque de places pour les étudiants inscrits, et la préparation des réformes de l’assurance-chômage, de la formation professionnelle et des retraites. Un paquet global censé illustrer la cohérence de la “rupture” macronienne. »
Pour ce qui est de la réforme du Code du travail, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, prévient, dans L’Humanité : « on va vers une remise en cause sans précédent du droit du travail. Le gouvernement continue à parler d’excès de rigidité, de manque de libertés qui seraient la cause du chômage pour justifier la casse des droits des travailleurs. »
Le quotidien communiste avertit également : Emmanuel Macron « a le trac à la veille du coup de force qu’il ourdit contre le Code du travail. Le flou entretenu sur les ordonnances une tactique élaborée afin d’anesthésier les syndicats ne pourra pas durer au-delà de jeudi. Dès lors, les mobilisations pourront prendre corps. »
Opportunité historique ?
Mais non, rétorque Pierre Gattaz dans Le Parisien. Le patron des patrons, qui réunit ses troupes aujourd’hui à l’université d’été du Medef, appelle le président Macron à ne pas reculer sur la réforme du Code du travail. « Une opportunité historique », insiste-t-il. « La réforme, c’est maintenant. Il y a eu le déclic de l’élection de Macron. Aujourd’hui, il faut confirmer le déclic. La conjoncture est bonne, la croissance redémarre, 300 000 emplois ont été créés. Toutes les planètes sont alignées pour engager cette réforme. »
Et Le Parisien d’emboîter le pas au président du Medef dans son édito : « l’opportunité comme la nécessité absolue de réformer n’ont jamais été aussi fortes. C’est la chance d’Emmanuel Macron, et cela doit être son ambition. C’est aussi la chance d’un pays au pied du mur. Pourquoi la France ne réussirait-elle pas à se réformer là où tous ses voisins l’ont déjà fait ? »
Pour sa part, La Croix s’interroge sur cette réforme du Code du travail : « les modifications envisagées seront-elles efficaces ? Les économistes se querellant à perte de vue sur la question, il est bien difficile de répondre sur un plan quantitatif. Néanmoins, on peut raisonnablement penser que les mesures envisagées favoriseront une plus grande fluidité sur le marché du travail, estime La Croix, donnant ainsi une chance à ceux qui sont hors de l’emploi. Le projet a aussi pour vocation de donner un signal aux entrepreneurs afin de les encourager à prendre davantage de risques en termes d’embauche. »
En tout cas, estime Le Journal de la Haute-Marne, « on saura très vite si les prévisions de rentrée difficile se confirment. En 1996 déjà, certains parlaient de “septembre rouge”. Il était devenu rose clair. Le pouvoir actuel a une chance inouïe : face à lui, il n’a aucune alternative crédible, du moins à court terme. Un répit qu’il doit mettre à profit pour expliquer encore et encore la stratégie qu’il entend développer. Pour le moment, les Français voient surtout les pièces d’un puzzle. »
Rentrée scolaire perturbée ?
A quelques jours de la rentrée scolaire, Libération s’inquiète de la disparition des contrats aidés… « La suppression de milliers de contrats aidés par le gouvernement menace les conditions d’accueil à l’école, affirme Libé. Certaines risquent de rester fermées la semaine prochaine. » En effet, précise le journal, « animateurs, conducteurs de car ou agents municipaux risquent de manquer lundi. Frappés par la réduction des contrats subventionnés, de nombreux maires craignent de ne pouvoir accueillir les élèves dans de bonnes conditions et dénoncent une régression sociale. »
Une grogne reprise et amplifiée dans l’éditorial du journal : « dans cette “France périphérique” dont on déplore rituellement l’abandon par les autorités, dans ces écoles rurales ou de quartier, dans ces villages déjà désertés par les services publics, la mesure laisse un trou béant, s’exclame Libération, dans le filet de protection qui maintient, tant bien que mal, un semblant d’équilibre. Le budget s’en portera peut-être mieux. Le lien social et les territoires fragiles, certainement pas. »
Le casse-tête de la crise migratoire
A la Une également la crise migratoire, avec le mini-sommet Europe-Afrique hier à Paris…. « Européens et Africains en mal de solution », titre Le Figaro. Pour le quotidien de droite, pourtant, « il faut se féliciter qu’Emmanuel Macron s’active sur le dossier. L’objectif est de creuser son idée exposée en juillet. Traiter le problème en amont, sur la rive africaine. Idéalement en Libye, si le chaos ne rendait pas la chose difficile, au Niger, au Tchad. Explorer une nouvelle relation entre l’Europe et l’Afrique pour tenter d’endiguer le phénomène. Renforcer les contrôles et les frontières d’un côté, mieux contribuer au développement des pays de départ de l’autre. Si la direction est bonne, le chemin sera long, estime encore Le Figaro. Mais le signal à envoyer est essentiel. Ne plus laisser voir l’Europe comme un eldorado sans limites ni frontières. »
En fait, relèvent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « il faudra encore de l’argent, et beaucoup, pour rendre l’Afrique plus désirable à ses habitants et l’Europe moins attirante. Car les nombreux candidats au départ ne voient qu’ostracise là où le vieux continent essaie d’affronter l’un de ses plus grands paradoxes. L’immigration illégale lui cause un problème domestique dont la résolution impose d’intervenir sur un autre continent, où les circuits de l’argent et du pouvoir sont incertains. »
Enfin la disparition de Mireille Darc… L’actrice fait la une de la plupart des journaux ce matin. Souriante et lumineuse en première page du Figaro. Ou encore, portant sa fameuse robe décolletée dans le dos, à la Une de Libération, avec ce joli titre : « Mireille Darc se dérobe ».