Les plats à base d’insectes rencontrent un succès inattendu. Impossible de goûter au burger à base de vers de farine ou aux boulettes insectes-pois chiches, tout est en rupture de stock. Pour le moment, très peu de magasins commercialisent les insectes qui ont fait leur arrivée en Suisse lundi dernier : un seul à Genève, comme à Lausanne et Berne. Les gérants ne savent d’ailleurs pas quand ils seront à nouveau livrés. Aidé par les médias suisses qui ont eux aussi trouvé quelque chose à se mettre sous la dent, le bouche-à-oreille a parfaitement fonctionné, permettant aux néophytes et professionnels de l’insecte culinaire de se régaler.
Pas n’importe quels insectes
Attention ! Tous les insectes ne sont pas comestibles et tous ne se trouvent pas en vente libre. Avant la rupture de stock, on pouvait trouver des vers de farine, des criquets migrateurs et des grillons. La règlementation est très stricte même si l’on aurait pu voir ces produits sur les étals des supermarchés bien plus tôt cet été, mais une directive fédérale est venue changer la donne. Pour être commercialisés, les insectes doivent venir d’un élevage, avoir subi des traitements et avoir été congelés. Ils doivent aussi être issus de la quatrième génération d’insectes. Tout ça prend du temps. Ceux mis en vente aujourd’hui viennent de l’étranger. Les premiers insectes made in Switzerland devraient être disponibles le mois prochain.
Une première en Suisse, mais en Europe aussi
La Suisse est devenue le premier pays européen à légaliser la production et la consommation d’insectes. Mais dans les faits, on en trouve ailleurs en Europe. On peut par exemple acheter des sauterelles prêtes à être mangées à Paris, à Londres ou à Berlin. Un grand flou juridique subsiste sur cette question. La Commission européenne n’a jamais délivré d’autorisation de mise sur le marché pour les insectes. Pourtant, leur consommation est tolérée un peu partout.
En 2013, l’ONU publie un plaidoyer pour inscrire les insectes à notre table
Les arguments en faveur des insectes ne manquent pas. A commencer par la santé. Dans le grillon, c’est connu, tout est bon. Beaucoup d’insectes sont riches en lipides, en calcium, en protéines, en zinc et en fer. 100 grammes de sauterelles contiennent jusqu’à trois fois plus de fer que la même quantité de bœuf.
Côté environnement, les arguments en faveur des insectes se multiplient. L’élevage d’insectes rejette beaucoup moins de gaz à effet de serre que celui d’animaux traditionnels. Le tout, avec très peu d’eau. Si on rajoute à cela le nombre d’emplois qui pourraient être créés grâce aux insectes, le tableau est largement positif. Reste le plus dur : les mentalités. En Suisse, comme ailleurs en Europe, manger des insectes est une curiosité presque insolite. A en croire l’ONU, ça pourrait très vite devenir une nécessité.