A la Une: l’attentat de Barcelone

Nice, Berlin, Londres, Barcelone... « C’est un terrorisme low-cost mais qui fait terriblement mal », peut-on lire dans Le Journal de la Haute Marne. « Toujours le même mode opératoire. Meurtrier, imprévisible, facile, pas cher », abonde L’Union/L’Ardennais. « Le terrorisme islamique dans toute son horreur. Et dans toute sa banalité », se désole le quotidien régional qui comme beaucoup de journaux ce matin, oscille entre révolte et fatalisme. Fatalisme face à ce type d’attaques, plus difficiles à anticiper « et surtout à empêcher », souligne Le Figaro.

Une cible symbolique

Les terroristes utilisent le même mode opératoire, donc, et visent des cibles semblables : un lieu de fête, un lieu de vie. Barcelone est « un symbole de nos sociétés libres et festives », résume Le Figaro. « À Nice, à Berlin ou à Londres, les terroristes choisissent chaque fois un lieu emblématique pour mieux marquer les esprits », insiste le quotidien. Barcelone est « l’une des villes européennes les plus prisées des touristes », rappelle Le Parisien/Aujourd’hui en France. Les ramblas, c’est un lieu emblématique de la ville. « Le centre historique s’organise autour de cette artère qui descend en pente douce vers la mer et semble ne jamais s’endormir », décrit le quotidien. Quant à la place de Catalogne, c’est là qu’il y avait eu des rassemblements en hommage aux victimes des attentats de Paris.

La Catalogne, un foyer de la mouvance djihadiste

Comme l’explique le spécialiste du terrorisme, Jean-Charles Brisard dans les colonnes duParisien/Aujourd’hui en France, un tiers des personnes radicalisées en Espagne sont originaires de la région de Barcelone. Les cellules terroristes locales ont des liens étroits avec la mouvance jihadiste marocaine, précise Le Figaro. Et même si le nombre d’Espagnols partis en Syrie ou en Irak n’est pas aussi important qu’en France ou au Royaume-Uni par exemple   on parle d’environ 200 Espagnols   l’Espagne, « al Andalus » comme elle est désignée dans la propagande jihadiste, allusion au passé musulman du pays, a toujours eu une valeur symbolique. C’est un territoire à reconquérir pour de nombreux islamistes, explique Le Figaro.

L’Espagne épargnée jusqu’à présent

L’Espagne avait pourtant été épargnée par les attentats jusqu’à présent. Le combat anti-jihadiste avait été efficace jusqu’alors, raconte Libération. Au lendemain des attentats d’Atocha, en 2004, le gouvernement prend conscience de l’ampleur de la menace et réagit : les services de lutte contre le terrorisme se mettent au travail ; des agents qui parlent arabe sont recrutés ; des suspects arrêtés, condamnés, expulsés. Aujourd’hui, selon l’institut de relations internationales Elcano, 300 agents suivent sur les réseaux sociaux les personnes à risques ; 500 d’entre elles sont sur écoute.

L’Espagne frappée

Et pourtant, ce n’était pas assez, regrette ce matin la presse espagnole. « On s’est cru invulnérable », se désole El País. Le travail de nos services de renseignement, de nos policiers, l’inventaire des attentats évités, des cellules neutralisées... tout cela nous rassurait. Et puis on avait déjà payé un lourd tribut au terrorisme. Enfin, « à cette impression d’immunité, contribuait la prudence, l’inexistence de notre politique extérieure », analyse toujours El País.

Surtout, on a cru que chacun devait gérer ses problèmes, ses menaces terroristes. « Quelle grosse erreur », déplore le quotidien madrilène qui tout comme El Mundo,plaide ce matin pour une véritable politique européenne en matière de lutte contre le terrorisme et pour une meilleure coopération en matière de renseignements.

El País réclame aussi l’unité. « Aujourd’hui, dans le deuil, nous allons nous redécouvrir plus espagnols que ce que nous pensions. Nous allons redécouvrir que nous partageons tant de choses. Et aussi que la tentation souverainiste est bien imprudente quand la distance entre Madrid et Barcelone, et celle entre Barcelone et Bruxelles doivent être plus courtes que jamais », écrit El País.

No pasarán !

Plusieurs journaux français reprennent ces appels à l’unité et à résister aussi. « No pasarán ! », s’exclament en chœur Le Midi Libre et Libération. Libé qui se félicite que « les populations civiles régulièrement visées par les tueurs refusent de modifier leurs habitudes sous la pression terroriste (...) Malgré le sang, malgré les morts, malgré la tragédie répétitive qui ensanglante le continent, l’imbécile et barbare stratégie des assassins se heurte à la résilience des démocraties ».

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