Grosse effervescence dans la cour de cet exportateur. Natacha et les autres employés effectuent une étape décisive dans la préparation de la vanille.
« On vient de faire l’échaudage de la vanille verte. On met un peu d’eau mais on ne fait pas beaucoup de temps, 2 minutes, 2 minutes 30 comme ça. Et c’est déjà fini l’échaudage. »
En à peine plus d’une heure, la trentaine de préparateurs aura traité les quelque 500 kilos de vanille du jour, sous les yeux attentifs de l’exportateur et de son service de sécurité. Des gousses bichonnées, surveillées, aussi, tant elles valent de l’or aujourd’hui.
Mr Charles est dépité. Ce petit cultivateur de vanille vient de récolter 70 kilos d’or vert : c’est 30% de moins que l’an dernier. La faute au cyclone qui a mis à terre une partie de ses lianes. A l’ouverture du marché, il a tenté de vendre sa vanille plus chère qu’en 2016. En vain.
« J’ai vendu 150 000 ariary le kilo. J’ai voulu vendre le kilo de vanille plus cher (que l’an dernier), parce que j’ai protégé mon champ, et que ça coute cher. C’est ça le problème. Il y a beaucoup de voleurs : depuis le mois de janvier, j’ai toujours dormi dans mon champ, jusqu’au mois de juin, pour protéger ma vanille. L’Etat normalement prend les mesures pour punir les voleurs de vanille. Mais il ne nous défend pas, nous, producteurs de vanille. »
Même rancune chez cet exportateur. Pour lui, la flambée du prix de la vanille est la cause de tous les maux, à commencer par la baisse de qualité perceptible depuis 3 ans. L’insécurité dans les champs incite les producteurs à cueillir leur vanille avant maturité. Quand il fallait autrefois 4 kilos de vanille verte pour obtenir 1 kilo de vanille préparée, il en faut désormais 7.
« Comme le prix de la vanille a flambé, ça incite les gens à voler, ils ont cueilli avant maturité donc le rendement est déjà arrivé jusqu’à 8 kilos. Et personne n’est gagnant. La vanille est toujours politisée. Dès qu’elle prend de la valeur, l’Etat essaie de mettre la main dessus. Nous exportateurs et collecteurs, on doit payer une taxe qu’on appelle ristourne, censée être reversée à la région pour améliorer les routes, les écoles. Avec tout ce qu’on a payé, des milliards d’ariary, normalement il n’y a pas mal d’argent qui devrait retourner à la région. Mais on ne voit jamais les réalisations. »
Certains exportateurs de vanille prédisent un crack pour l’an prochain. D’autres simplement une meilleure stabilité des prix.
Mais tous assurent que, vu le nombre de nouveaux pieds plantés depuis 4 ans, la production sera plus importante et la qualité, de fait, au rendez-vous. Des perspectives plus réjouissantes, si et seulement si aucun cyclone ne s’abat sur la région.